C’est l’aumônier du pape Mgr Konrad Krajewski, lui aussi polonais, qui a célébré, en italien, les obsèques de Józef Wesolowski, dans la chapelle du gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican. Quelque 80 personnes assistaient à cette messe, dont une vingtaine de prêtres et un cardinal, l’Américain James Harvey, archiprêtre de la basilique Saint-Paul-hors-les-murs et ancien préfet de la Maison apostolique, ainsi que Mgr Peter Brian Wells, assesseur pour les Affaires générales de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège.
Au cours de la messe, le célébrant n’a fait aucune référence aux victimes présumées du prélat polonais. En guise d’homélie, Mgr Krajewski a demandé aux fidèles de faire silence, pendant huit longues minutes. Lors de la prière des fidèles, une intention lue par l’une des nombreuses religieuses présentes a demandé au Seigneur de libérer le défunt «du pouvoir des ténèbres et de la mort éternelle».
C’est vêtu en prêtre, une chasuble sur les épaules, que Józef Wesolowski avait été déposé dans son cercueil avant la célébration. A son doigt, il portait encore l’anneau épiscopal, bien que réduit à l’état laïc par la justice ecclésiale. Durant la messe, le célébrant n’a jamais fait référence à l’épiscopat du défunt. Au lendemain de cette messe, à laquelle assistaient quelques journalistes mais sans qu’il soit possible de filmer ou de photographier, le cercueil devait être transporté en Pologne.
Józef Wesolowski avait été retrouvé mort le 28 août au matin dans sa chambre du collège des pénitenciers au Vatican, où il était assigné à résidence depuis septembre 2014. Il avait été hospitalisé en soins intensifs le 10 juillet, à la veille de son procès pour pédophilie. L’audience du tout premier procès pénal pour pédophilie au Vatican n’avait ainsi duré que six minutes, finissant par un renvoi. Si les autorités vaticanes avaient alors évoqué un «malaise», la presse italienne avait affirmé que l’ancien nonce apostolique aurait été en réalité admis à l’hôpital après avoir mélangé alcool et médicaments, laissant planer le doute sur une tentative de suicide. Il est décédé dans la nuit du 27 au 28 août, a assuré le Vatican, de mort «naturelle».
Le prélat polonais était accusé d’actes pédophiles sur des adolescents durant sa mission de nonce en République Dominicaine, entre janvier 2008 et août 2013. Józef Wesolowski était également accusé de détention de matériel pédopornographique, durant son séjour romain entre août 2013 et septembre 2014. Démis de ses fonctions le 21 août 2013, il avait été arrêté le 22 septembre 2014 et assigné à résidence au Vatican dans une décision sans précédent du pape François. Il avait également été réduit à l’état laïc par la Congrégation pour la doctrine de la foi en juin 2014. Il avait fait appel de cette décision. L’appel, rejeté par la suite, n’avait pas été publiquement communiqué. (apic/imedia/bl/ami/rz)
Raphaël Zbinden
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