Avec plus de 600’000 personnes détenues, dont 40% en attente de leur jugement, le système carcéral brésilien est le quatrième plus important au monde, après celui des Etats-Unis (2,2 millions de détenus), de la Chine (1,6 million) et de la Russie (673’800), selon les chiffres du ministère de la Justice.
La surpopulation est l’une des principales caractéristiques d’un système carcéral brésilien marqué par la violation des droits et les mauvais traitements ainsi que des cas de tortures récurrents. L’emprisonnement massif de la population pauvre et issue des quartiers périphériques des grandes villes, en grande majorité noire, augmente d’ailleurs chaque jour, touchant aussi bien les hommes que les femmes, obligés d’affronter des conditions toujours plus précaires.
«L’option de l’incarcération massive est présentée comme une réponse à l’augmentation de la violence et de la délinquance, a souligné le Père Valdir Joao Silveira, coordinateur national de la Pastorale carcérale. Pourtant, elle est loin d’avoir porté ses fruits. Bien au contraire! Lors des 25 dernières années, les indices de violence et les actes de délinquance n’ont jamais cessé d’augmenter, pour atteindre des niveaux vertigineux, en particulier chez les populations les plus démunies».
Lors de cette Rencontre nationale, les participants ont rappelé que, malgré le constat de l’inefficacité de l’emprisonnement massif comme réponse à la violence, l’Etat brésilien persiste dans cette démarche du tout répressif. Pire, «les solutions proposées vont dans le sens d’un renforcement de la politique carcérale, en allant même jusqu’à confier au secteur privé la création et la gestion de centres de détention».
Cette Rencontre nationale de la Pastorale carcérale intervient en plein débat polémique sur la proposition d’amendement de la Constitution (PEC 171/1993), qui propose la réduction de la majorité pénale. Déjà adoptée par l’Assemblée et actuellement examinée par le Sénat, cette proposition de loi est fortement critiquée par la CNBB. Les évêques estiment en effet que la réduction de la majorité pénale, qui va encore faire augmenter le nombre de détenus, n’est pas une solution pour lutter contre la violence dans le pays. La CNBB invite d’ailleurs les dirigeants brésiliens à investir dans une éducation de qualité et dans des politiques publiques pour la jeunesse et la famille. (apic/jcg/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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