Le pape François avait affirmé, dans l’avion qui le ramenait de Sarajevo, le 6 juin dernier, que le Vatican était proche d’une décision concernant Medjugorje, en conclusion d’une enquête de quatre ans menée sur place. Une commission internationale formée de cardinaux, d’évêques, de théologiens et d’autres experts, travaillant sous l’égide de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) a examiné en profondeur les allégations des six personnes qui prétendent que la Vierge Marie leur apparaît et leur communique tous les jours des messages, depuis 1981.
Depuis cette date, des centaines de milliers de personnes se sont rendues sur le site, témoignant souvent de conversions ou de guérisons miraculeuses. Suite à cette annonce, néanmoins, le nombre de pèlerins italiens- qui forment la plus grande partie des visiteurs- a diminué de moitié, affirme le 26 août 2015 le quotidien américain The New York Times. «Quel que soit le verdict [du Vatican], l’attente crée un état d’incertitude chez les pèlerins, et cela affecte la saison», a assuré au quotidien newyorkais Sante Frigo, un Italien marié à une guide de pèlerins travaillant à Medjugorje. Il précise que du point de vue de la «chaîne d’approvisionnement» du pèlerinage, «c’est une catastrophe».
Les six prétendus voyants vivent toujours dans la région de Medjugorje, mais ils ont cessé de parler aux médias et font profil bas depuis que le pape a semblé ironiser sur leurs allégations, assure le New York Times. Dans une homélie du 9 juin 2015, le pontife avait en effet lancé: «Mais où sont ces voyants qui nous disent aujourd’hui la lettre que la Vierge enverra à 16 heures ? Et ils vivent de cela. Cela n’est pas l’identité chrétienne. La dernière parole de Dieu s’appelle Jésus, rien de plus».
L’évêque local, Mgr Ratko Peric répète en tout cas depuis plusieurs années que rien de surnaturel ne se passe à Medjugorje. De son côté, si le Vatican déconseille aux diocèses d’organiser des pèlerinages vers le sanctuaire bosniaque, il a laissé les catholiques libres de visiter le lieu et d’y prier.
Beaucoup craignent finalement que le jugement du Vatican ne mette fin à l’activité commerciale florissante qui s’est développée autour des prétendues apparitions, souligne le New York Times. Outre la régularité et la durée exceptionnelles des interventions de la Vierge, les retombées économiques de l’afflux annuel des centaines de milliers de pèlerins sur cette petite localité, ou encore le train de vie de certains des soi-disant voyants, figurent au tableau des réserves de l’Eglise catholique. Les six Bosniaques ont en effet investi dans des hôtels et des agences de voyages, une attitude qui pose question. Des doutes sont également émis sur l’authenticité théologique de certains des prétendus messages de la Vierge Marie.
Certains s’inquiètent néanmoins de l’effet que pourrait avoir un jugement négatif sur Medjugorje pour les milliers de personnes qui y ont sincèrement cru et pour lesquels le lieu a participé au développement spirituel. Marinko Sakota, un prêtre franciscain local, remarque que le site véhicule une profonde expérience qui va au-delà du phénomène des visionnaires. «Medjugorje est un appel à la conversion, à la prière à Notre Dame, rien d’autre», lance-t-il. (apic/nyt/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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