Dans un communiqué, plusieurs organisations de la société civile composant le Forum de l’Enfance d’Oaxaca exigent que le prêtre soit jugé, que les victimes soient indemnisées et que des garanties soient données pour que de tels actes ne se reproduisent plus.
D’après le Forum de l’Enfance d’Oaxaca, l’abus sexuel d’enfants et d’adolescents représente une violation grave des droits humains, affectant le processus de développement physique, psychologique et émotionnel des victimes. «Les conséquences peuvent être encore plus dramatiques lorsque des actes de ce type sont commis en milieu rural et indigène. C’est pour cette raison que l’Etat doit garantir, comme il s’est engagé à le faire dans le cadre d’accords internationaux, et ce à tous les niveaux, à protéger et à favoriser le développement de tous les enfants et adolescents de la région».
Le communiqué rappelle également que, «en juin dernier, le pape François, dans un acte inédit, a créé un tribunal spécial au sein même du Vatican, pour juger les évêques négligents en cas d’abus sexuels à commis l’encontre de mineurs et qui ne traiteraient pas de manière adéquate les dénonciations de tels actes commis par des religieux».
Mais, faute de règles définies, des cas d’abus sexuels à l’égard de mineurs commis par des membres du clergé continuent d’être perpétrés sans être suivis de poursuites judiciaires, ni de comparutions devant le tribunal du Vatican, déplore le Forum de l’Enfance d’Oaxaca. Dans le cas de Mexico, «il existe une liste d’évêques et de prêtres qui pourraient être dénoncés et permettre ainsi au tribunal du Vatican de commencer à travailler».
En 2009 déjà, un groupe de dix religieux avait informé Mgr José Luis Chávez Botello, archevêque d’Antequera-Oaxaca, des accusations d’abus sexuels commis par le Père Gerardo Silvestre Hernández. En vain. L’accusé avait continué son ministère pendant plus de trois ans.
Sans réponse de la part de l’archevêque, le groupe avait donc envoyé au Vatican, en août 2010, un courrier exprimant sa préoccupation à propos des abus commis par le Père Hernandez. En février 2011, selon le Forum de l’Enfance d’Oaxaca, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, chargée de mener des procès contre des actes de pédophilie dont se seraient rendus coupable des religieux, a cependant établi «que les actes n’étaient pas avérés».
Le Père Gerardo Silvestre Hernández, ordonné prêtre en 2006, a fait l’objet d’une plainte en 2012 déposée par un commerçant de San Pablo Huitzo, qui l’a accusé d’avoir abusé de son fils âgé de 9 ans, alors qu’il était le curé de la paroisse. Cette accusation n’était pas la première. En 2006, en effet, lors de son passage dans sa première paroisse, le prêtre avait été accusé de violence sexuelle à l’encontre d’un autre enfant. Il a avait été alors transféré dans une autre paroisse, située dans une région où se concentrent plusieurs peuples indigènes. C’est dans cette paroisse qu’en moins de six ans, le Père Hernandez aurait abusé de plus de 45 enfants, la plupart indigènes. Le prêtre est détenu depuis le 29 novembre 2013 dans le Centre de Réinsertion Sociale de Tlaxiaco, au nord-est de l’Etat d’Oaxaca, dans l’attente de son jugement. (apic/jcg/be)
Jacques Berset
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