Les obsèques d'un criminel à Rome embarrassent l'Eglise locale

Rome, 22.08.2015 (cath.ch-apic) Les obsèques grandioses du chef d’un des clans mafieux les plus importants de la capitale italienne embarrassent l’Eglise de Rome. Chars décorés de fleurs, calèche vitrée à six chevaux, pétales de rose largués depuis un hélicoptère: Vittorio Casamonica, décédé des suites d’un cancer, a été enterré en grande pompe le 20 août 2015 dans une église romaine.

Cet étalage de faste a choqué la population et jeté le trouble parmi le clergé et les fidèles. Sur une bannière ornant la façade de la basilique Don Bosco, on pouvait lire : «Tu as conquis Rome, maintenant tu vas conquérir le paradis». Pour clore la cérémonie, une Rolls-Royce en guise de corbillard et d’ultimes adieux sur la bande-son de ‘2001 : l’Odyssée de l’espace’.

Au vicariat de Rome, on fait valoir qu’à l’intérieur de l’église le rite funèbre a suivi son cours normal et que l’ambiance religieuse a été respectée, a rapporté Radio Vatican. Le curé de la paroisse, un salésien, ne savait pas que la cérémonie allait prendre cette tournure à l’extérieur de l’église. Il n’était pas au courant et n’a pas pu l’empêcher.

Le défunt était spécialisé dans la fraude, l’extorsion de fonds et le trafic de drogue. Son clan, d’origine tzigane, est cité dans l’enquête sur le réseau mafieux infiltré dans la mairie de Rome qui débouchera sur un maxi-procès à partir du 5 novembre.

La mafia incompatible avec l’Evangile

Le prêtre antimafia Luigi Ciotti, fondateur de l’organisation catholique Libera, s’est indigné devant cet acte d’arrogance à l’égard des institutions et de l’Etat. La mafia est incompatible avec l’Evangile, a-t-il martelé sur Radio Vatican fustigeant la fausse religiosité des mafieux. Selon le père Ciotti, «le clan a profité de la bonne foi d’une paroisse qui a été happée par ce coup de force». Le fondateur de Libera pointe du doigt non seulement les criminels mais aussi tous leurs complices, ceux qui assistent en silence et qui laissent faire.

Il se dit affolé pas le degré de connivences mises au jour à Rome. «Jeudi, a-t-il dit, nous avons touché du doigt une vérité qui dérange, à savoir qu’il y a des gens qui se cachent derrière Dieu, qui utilisent la religion». L’Italie a besoin de vérité mais aussi de prises de responsabilité. Tous doivent contribuer au changement des mentalités et ne pas attendre passivement que l’Etat, les institutions et les administrations règlent tous les problèmes. «Tous les citoyens doivent se sentir responsables. Et les chrétiens en particulier sont appels à vivre l’Evangile avec une plus grande détermination». (apic/rv/mp)

 

Maurice Page

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