«En matière d’asile, les beaux discours doivent être accompagnés d’actes», affirmait le 20 août 2015 Christophe Darbellay au quotidien alémanique «Basler Zeitung». Dans le viseur du conseiller national, notamment: l’Eglise catholique et son discours du 1er août. Il demande aux paroisses d’en faire davantage pour résoudre le problème des requérants d’asile.
«Mon propos est volontairement provocateur», confie à cath.ch le politicien valaisan qui dénonce un discours souvent «moralisateur»: «Les Eglises sont très critiques avec les partis de droites – et avec le PDC en particulier – dès qu’ils proposent des mesures qui tendent à résoudre l’épineux problème de l’asile».
Dans son discours du 1er août, la Conférence des évêques appelait la Suisse à «combattre l’égoïsme par une solidarité fondamentale». «Il faut que l’Eglise soit cohérente, poursuit le conseiller national: qu’elle donne l’exemple!»
Interpellé par l’injonction de Christophe Darbellay, Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, affirme que l’Eglise n’est pas inactive en matière d’asile. «Il y a des centres qui accueillent ceux que personne ne sait où mettre, pendant un certain temps, en lien avec les services de l’Etat, à Renens par exemple».
Charles Morerod rappelle également qu’à Fribourg, l’évêché souhaite mettre le château de Rosière (Grolley) à la disposition de l’Etat pour accueillir des requérants d’asile. «Mais ces derniers jours une pétition a été déposée contre ce projet, regrette l’évêque. La commune s’y oppose». «C’est aussi aux politiciens de faire en sorte que l’on ait le droit de d’accueillir les réfugiés, précise-t-il, en rappelant que le syndic de Grolley, Christian Ducotterd, «est candidat au Conseil National pour le parti de Christophe Darbellay.»
D’autres initiatives ont été prises dans le diocèse. La paroisse Saint-Pierre de Fribourg a mis un de ses bâtiments à la disposition de l’Etat pour accueillir une soixantaine de réfugiés. A Genève, la paroisse du Sacré-Cœur souhaitait octroyer des logement aux requérants, moyennant l’aide de la commune – «une aide qu’elle n’a pas reçue», relève Mgr Morerod. Dans le sillage de ces paroisses, l’évêché de Fribourg lui-même pourrait-il accueillir des migrants? «A l’évêché, on manque de place. Je n’ai plus d’endroit fixe pour recevoir les gens», répond l’évêque. (apic/pp)
Pierre Pistoletti
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