«Il y a dans les pays musulmans de nombreuses associations et individus qui s’engagent pour la sauvegarde de la création», affirme Hafid Ouardiri. «Mais il faut maintenant que les gouvernements des pays islamiques activent cette dynamique et prennent leur responsabilité», ajoute le directeur de la Fondation de l’entre-connaissance, basée à Genève, qui se réjouit de l’appel lancé en Turquie. Le symposium d’Istanbul était organisé par le Forum islamique pour l’écologie et les sciences environnementales, Greenfaith, un organisme religieux pour l’environnement, et l’Islamic Relief Worldwilde, une organisation islamique mondiale d’aide humanitaire.
Les experts environnementaux et les leaders religieux signataires de la «déclaration islamique sur le climat» (Islamic Climate Declaration) demandent notamment aux pays riches et aux nations productrices de pétrole de mettre un terme, à partir de 2050, à l’utilisation des énergies fossiles, rapporte la BBC. Les auteurs de la déclaration appellent les participants de la COP 21, la conférence mondiale pour le climat qui aura lieu à Paris en décembre, à développer au maximum les énergies vertes, à réduire l’émission de gaz à effet de serre, ou encore à aider les pays plus pauvres à s’adapter au changement climatique.
La déclaration se base sur l’enseignement de l’islam pour appeler à une plus grande responsabilité des musulmans face à l’environnement. Les signataires ont notamment évoqué le verset du Coran affirmant «ne marche pas avec insolence sur la terre!» (Coran, 17:37) pour accréditer leur démarche. Une approche saluée par Hafid Ouardiri: «l’islam enseigne effectivement que l’homme doit respecter la création. C’est une bonne chose que les musulmans s’engagent dans ce domaine».
«Il faut dire la vérité aux gens et il faut que les politiciens cessent de tromper leur peuple en leur faisant croire qu’ils peuvent améliorer sans limites leurs conditions de vie», relève à la BBC Fazlun Khalid, un expert de l’environnement qui a co-rédigé la déclaration. Le texte appelle ainsi les pays riches à reconnaître leur «obligation morale de réduire leur consommation, afin que les pauvres puissent bénéficier de ce qu’il reste des ressources non-renouvelables de la planète». Hafid Ouardiri soutient cette idée que la protection de l’environnement va de pair avec une plus juste répartition des richesses. «Les deux combats doivent être menés parallèlement, assure-t-il. Il serait vain de vouloir imposer un agenda écologique dans des pays pauvres, sans dans le même temps assurer à ces populations des conditions de vie dignes».
L’appel d’Istanbul a reçu le soutien de nombreux leaders religieux musulmans, dont les grands muftis d’Ouganda et du Liban. Il a en outre été salué par la principale institution islamique d’Indonésie, ainsi que par des organisations écologistes et des représentants gouvernementaux du Maroc et de Turquie. Au nom du Saint-Siège, le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, a également envoyé un message de soutien aux participants de ce symposium, soulignant le besoin d’une solidarité entre chrétiens et musulmans. Une avancée qui réjouit Hafid Ouardiri. «Toutes les religions doivent œuvrer ensemble pour sauver la planète», lance l’intellectuel genevois. Il espère que la coopération entre l’islam et le christianisme se développera davantage dans le domaine de l’environnement. «Un geste symbolique fort serait la publication d’une déclaration commune entre les grandes institutions chrétiennes et celles de l’islam», note Hafid Ouardiri. (apic/bbc/rv/rz)
Raphaël Zbinden
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