Saint-Etienne, 18.08.2015 (cath.ch-apic) Près de 2000 chrétiens sont attendus au Parc des Expositions de Saint-Etienne, du 28 au 30 août 2015, pour les Assises chrétiennes de l’écologie, qui se situent dans la droite ligne de l’encyclique du pape François «Laudato si’».
Répondant à l’appel pressant du pape pour la sauvegarde de la création et en vue de la prochaine Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Paris, ces assises sont organisées par le magazine «La Vie» et le diocèse de Saint-Etienne, en lien avec le service Famille et Société de la Conférence des évêques de France. Elles font suite à une première édition, qui avait rassemblé quelque 1’700 personnes en novembre 2011.
L’événement peut compter sur les apports de nombreux intervenants aux compétences diverses (scientifiques, économiques, philosophiques, juridiques, théologiques…) et des témoignages d’acteurs de terrain. Ces personnalités font autorité dans leur domaine et sont reconnues pour leur liberté de pensée.
Parmi eux, on note la présence du biologiste Jean-Marie Pelt, ainsi que de la paléoclimatologue et membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) Valérie Masson-Delmotte et du philosophe Patrick Viveret. Seront également au rendez-vous des responsables politiques comme Corinne Lepage et Pierre Larrouturou et des journalistes d’investigation Monique Robin (Le monde selon Monsanto) et Fabrice Nicolino (Un empoisonnement universel. Comment les produits chimiques ont envahi la planète).
Alors que le pape instaure pour le 1er septembre, une journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, et à la veille des Assises Chrétiennes de l’écologie, le Père Jean-Luc Souveton, organisateur de la manifestation, insiste sur la nécessité d’une véritable conversion écologique.
Interrogé par Frédérique Défrade sur le site internet du diocèse de Saint-Etienne, le Père Jean-Luc Souveton déclare que le but de ces Assises est d’entrer en dialogue et d’échanger. Cette démarche entre dans la droite ligne de l’appel à la conversion écologique telle qu’en parle le pape François, «et ce n’est pas si facile que ça !»
«C’est exigeant !, poursuit-il, d’où la difficulté de se lancer ! Il y a une véritable difficulté à s’engager quand cela remet en question sa propre manière de vivre ! Cela dessine le chemin que nous avons à faire en Eglise pour ne plus en être aux grands discours mais à l’action afin de nous emparer de ces questions de manière très concrète. Un des buts de ces Assises sera de proposer de petites choses concrètes qui permettront à chacun de faire des choix pour sa vie quotidienne».
Certes, admet-il, «cela n’enlèvera pas la nécessité de choix politiques très importants, mais il n’y aura de choix politiques très importants que s’il y a un nombre suffisamment important d’individus qui, à titre personnel, s’engagent ! C’est aussi un des enjeux des Assises: faire entendre sa voix et dire: ‘nous sommes prêts à assumer les conséquences des choix politiques pour la Cop21’. Le monde politique ne se mobilisera que si l’ensemble d’un peuple se mobilise, il doit sentir derrière lui un engagement des individus, sinon, cela ne pourra pas marcher. N’attendons pas tout du politique, même s’il est nécessaire !»
Le Père Jean-Luc Souveton pense que face aux graves problèmes écologiques, «il y a une part de déni, car prendre conscience de ce qui est en train de se passer, c’est obligatoirement aller vers des changements radicaux. C’est très difficile et cela fait peur ! Je parle de déni dans le sens où c’est une défense psychologique».
Et de prendre l’exemple de ce qui se passe en Méditerranée, à savoir les flux migratoire et ses conséquences: «Nous en sommes à plus de 2’000 morts. L’Europe a du mal à gérer quelques milliers de personnes réfugiés, or, on sait qu’en 2050, avec le réchauffement climatique, il y aura 60 millions de réfugiés climatiques en Europe».
«Pour que le réchauffement n’excède pas deux degrés d’ici la fin du siècle, il faudrait que 80 % des réserves d’énergies fossiles (pétrole, charbon, tourbe, gaz naturel) encore dans le sol, y reste, car il est prouvé que l’utilisation des énergies fossiles fait monter la température de la planète». Comment prépare-t-on les populations à ce genre de questions, quelles alternatives proposons-nous ?, lance l’organisateur de la manifestation.
Encadré
Les Assises chrétiennes de l’écologie visent à sensibiliser les personnes, et les chrétiens en premier lieu, à la réalité et à l’ampleur de la crise écologique dans ses nombreuses composantes, notamment celle du réchauffement climatique en particulier, à quelques mois de la conférence de Paris. Elles cherchent à faire de cet événement une partie du dispositif par lequel l’Eglise catholique en France veut participer aux débats autour des objectifs du millénaire et de la conférence sur le climat.
Ce rassemblement de chrétiens engagés veut également souligner l’importance d’une mobilisation personnelle et collective «pour permettre aux jeunes générations d’hériter d’une planète encore viable». Pour ce faire, il va proposer à chacun des pistes concrètes d’action, tout en mettant un accent particulier sur la nécessité d’une conversion des individus et de la société. «Car la crise écologique est aussi ou plutôt d’abord une crise spirituelle. Elle appelle de nouveaux modes de vie qui feront davantage place à la solidarité, aux échanges interpersonnels, à la richesse relationnelle, à l’imagination, à la contemplation». Sur tous ces aspects les chrétiens (et plus largement les croyants) ont des choses à dire et à proposer.
Il entend s’appuyer sur certains partenaires des campagnes «Vivre Noël autrement» et «Vivre l’été autrement» grâce, notamment, au soutien du mouvement Pax Christi. Donner une audience et des prolongements au travail déjà réalisé par de nombreux groupes existants (Chrétiens et pic de pétrole – groupe «Ecologie, paroles de Chrétiens», du diocèse de Nantes, – groupes de travail sur la transition énergétique et la consommation du département «Environnement et modes de vie» du Service national Famille et Société (SNFS) – Chrétiens Unis pour la Terre – Carrefour de l’Eglise en rural et son projet d’une formation «L’homme au cœur de l’écologie», etc.). Des partenariats sont déjà en place avec RCF (Radios Chrétiennes Francophones) et les Facultés Catholiques de Lyon.
S’inscrivant dans une démarche œcuménique, avec la participation d’orthodoxes et de protestants, ces Assises proposent une démarche interreligieuse avec la participation d’un rabbin et d’un imam. «Nous voulons montrer notre engagement et notre détermination aux représentants des presque 200 pays qui se réuniront à Paris début décembre 2015 pour la conférence mondiale sur le climat. Nous voulons les appeler à agir efficacement en leur manifestant aussi notre soutien face aux décisions difficiles qu’ils auront à prendre», notent les organisateurs. (apic/com/be)
Jacques Berset
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