Ces jours-ci, 4 personnes ont été tuées dans deux quartiers de Bujumbura, la capitale. Parmi elles : deux hommes découverts avec les mains liées derrière le dos et portant des traces de torture. Par ailleurs, l’assassinat du général Nshimirimana, le bras droit du président burundais, fait craindre un cycle incontrôlable de représailles et contre-représailles.
Face à cette situation, les évêques burundais ont exprimé leur inquiétude et réclament que vérité soit faite. L’abbé Lambert Niciteretse, Secrétaire général de la Conférence épiscopale du Burundi, ne cache pas sa préoccupation: »le meurtre du général Nshimirimana aura sûrement des conséquences importantes. Nous n’avons aucune idée de l’incidence que ce grave délit aura sur la situation délicate dans laquelle se trouve notre pays» déclare-t-il à Aide à l’Eglise en Détresse. Ancien chef des services secrets, le général Nshimirimana était à la tête des services de sécurité et le chef de la milice du président, et son assassinat risque de menacer encore davantage la stabilité du Burundi.
Le 25 avril dernier, la décision du président Nkurunziza de briguer un troisième mandat a déclenché d’importantes manifestations à travers tout le pays. L’Eglise locale a aussitôt dénoncé l’irrégularité de cette candidature et, en mai, avant les élections législatives, elle a retiré ses représentants de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). »L’Église catholique ne peut pas prendre part à un processus électoral qui visiblement n’est pas consensuel et qui présente des lacunes», écrivaient alors les évêques dans un communiqué.
L’épiscopat a maintenu sa ferme position malgré la crainte de possibles revendications de la part du gouvernement. «L’Église, a déclaré l’abbé Niciteretse à Aide à l’église en détresse (AED), poursuit sa mission, en mettant en avant les principes de la doctrine sociale, même quand ceux-ci ne sont pas du goût des politiciens. La vérité doit être proclamée et ce qui ne va pas doit être dénoncé » insiste le Secrétaire général de la Conférence des évêques du Burundi.
Pour l’heure, l’exode des Burundais fuyant l’instabilité, les affrontements et la répression se poursuit. Ils sont des dizaines de milliers à avoir trouvé refuge en Tanzanie, au Rwanda et en République démocratique du Congo. Selon des sources proches de l’Église locale en contact avec AED, le nombre de réfugiés pourrait atteindre le chiffre de 200 000 d’ici Noël. «Aux graves souffrances que nous vivons, affirme l’abbé Niciteretse, vient s’ajouter la douleur, pour nos frères contraints de chercher refuge à l’étranger».
La population vit dans la peur et l’incertitude en raison également de l’absence totale d’information. Les locaux de nombreuses radios et télévisions privées ont en effet été détruits. Mais malgré les difficultés, indique le Secrétaire général de la Conférence des évêques du Burundi, l’Église entend bien continuer à «soutenir la population, à dénoncer la violence et à appeler à la paix et au respect des droits de l’Homme». (apic/rv/bh)
Bernard Hallet
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