Le Vatican méconnu: le ›centre-ville’ du petit Etat

Rome, 04.08.2015 (cath.ch-apic) Près de la porte Sainte-Anne, derrière l’église paroissiale homonyme, se trouve en quelque sorte le ›centre-ville’ de la Cité du Vatican. Organisé autour du supermarché, appelé l’Annona, tout un complexe de services – pharmacie, poste, imprimerie, media, hôpital – permet aux résidents, aux employés et à leur famille de pourvoir à des besoins élémentaires.

Gérés par des directions et des services du Gouvernorat, ces boutiques ne sont pas toutes en libre accès. Il faut, pour y accéder, être détenteur de l’une des quelque 40’000 cartes d’accès en circulation.

Des magasins nés après la Seconde Guerre mondiale

Les magasins du Vatican sont nés après la Seconde Guerre mondiale, lorsque le Saint-Siège a jugé bon d’aider ses employés à se ravitailler. Aujourd’hui encore, l’idée n’est pas de faire du profit mais d’aider les familles des quelque 4’000 employés du Vatican. Parmi eux, environ 3’000 sont des laïcs, 800 habitent au Vatican et 450 ont la nationalité vaticane. La distribution des produits alimentaires, textiles, carburant, tabac et autre dépendent de la direction des services économiques.

Au centre de ce quartier, entre le palais pontifical et la place Sainte-Rose, se trouve l’Annona, le supermarché du Vatican. La précieuse carte qui permet d’y accéder est délivrée aux employés, aux résidents, aux retraités, ainsi qu’au personnel diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège. Les marchandises étant détaxées, les prix sont plus attractifs que dans le centre de Rome.

Peu de choses distinguent l’Annona d’un supermarché classique, excepté un certain nombre de prêtres en col romain et de religieuses poussant leur caddy dans les rayonnages. C’est aussi le seul endroit où l’on peut acheter du lait et des yaourts en provenance des villas pontificales. En effet, 500 à 600 litres de lait proviennent tous les jours de la ferme de Castel Gandolfo pour approvisionner le palais pontifical et le supermarché. De temps en temps, on peut également y trouver les produits excédentaires de la villa pontificale, comme des œufs, du miel, de l’huile ou encore de la viande. Les prêtres peuvent aussi y acheter des bouteilles de vin de messe.

A l’entrée du quartier, le passant laisse sur sa gauche la caserne de la Garde-Suisse, la tour de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR) – la banque du Vatican – et sur sa droite la Typographie vaticane, confiée aux salésiens, où sont imprimés les encycliques, L’Osservatore Romano ou autres publications du Saint-Siège. Il tombe alors sur le bureau central de la Poste vaticane. Celui-ci supervise les trois autres bureaux de poste du Vatican, traite les quelque 140 tonnes de courrier à distribuer dans les murs du petit Etat et les presque six millions de cartes postales envoyées depuis la cité.

Le quartier Sainte-Rose

En s’enfonçant plus loin dans la via della Posta, on passe devant la pharmacie du Vatican, dirigée par un frère hospitalier de Saint-Jean-de-Dieu. La première fut créée en mars 1874 par le frère Eusebio Ludwig Fronmen, à la demande du cardinal Giacomo Antonelli, secrétaire d’Etat de l’époque. En 1929, elle s’installe dans ses locaux actuels, dans le palais du Belvédère. N’importe qui peut accéder à cette pharmacie sur présentation d’une ordonnance et d’une pièce d’identité. Elle est une des pharmacies les plus achalandées au monde, avec 2’000 clients par jour. En effet, elle propose beaucoup de médicaments impossibles à obtenir à Rome. En revanche, elle ne distribue ni contraceptifs, ni abortifs. Le même bâtiment abrite le dispensaire du Vatican, incluant des cabinets spécialisés tel que des cabinets dentaires ou de radiologie.

Autour de la place Sainte-Rose, une pompe à essence est à disposition des employés du Vatican, à des prix défiant toute concurrence. Près du parking Sainte-Rose se trouvent le Central téléphonique du Vatican, ainsi qu’une nécropole romaine, découverte en 2003, lors de travaux d’aménagement du parc de stationnement. Une porte de sortie vers la ville de Rome a aussi été creusée à cet endroit dans les épais murs du Vatican, au début du pontificat de Benoît XVI (2005-2013), pour désengorger la sortie Sainte-Anne aux heures de pointe. Elle est aujourd’hui très rarement utilisée.

En contrebas, en avançant dans le quartier, via del Pellegrino, vers la cantine du Vatican et la zone ouvrière, on passe d’abord devant l’atelier de restauration des tapisseries, devant l’Aumônerie apostolique qui dispense les bénédictions papales à l’occasion d’une naissance, d’un mariage ou d’un anniversaire, puis devant la petite église San Pellegrino – premier évêque d’Auxerre -, dédiée aux gendarmes et aux pompiers du Vatican. Derrière ce pâté de maison se trouvent les bureaux du Centre télévisé du Vatican (CTV) et la caserne de la Gendarmerie vaticane.

Au bout de la via del Pellegrino, la boutique high-tech de L’Osservatore Romano permet de venir consulter toutes les archives photo des événements auxquels participe le pape et de commander des tirages. Tout un chacun pouvant se rendre à la boutique, il suffit de notifier au garde suisse de la porte Sainte-Anne que l’on se rend à L’Osservatore pour accéder au quartier. Mais pour aller plus loin, il faudra à nouveau montrer patte blanche. Impossible donc, d’en profiter pour faire un tour dans les jardins du Vatican. (apic/imedia/cd/be)


Encadré

Série sur les lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’

On pourrait croire que le Vatican se limite à la place et à la basilique Saint-Pierre. Pourtant, avec ses 44 hectares de terrain, l’Etat de la Cité du Vatican possède tous les attributs d’un Etat à part entière. Plus petit Etat au monde – quatre fois moins que la principauté de Monaco -, il est composé de bâtiments, de cours, de petites places, de quelques rues et de jardins. Ainsi le Vatican possède une gare, des magasins, des tribunaux, une radio, et nombre de services utiles aux quelque 900 résidents et 2’800 employés, ainsi qu’au rayonnement du Saint-Siège. Des lieux qui ont tous leur histoire, souvent postérieure à la signature des Accords du Latran, en 1929, entre Benito Mussolini et le cardinal Pietro Gasparri. Mais le territoire du Vatican s’étend également au-delà de ses 3,2 kilomètres de frontières. Il s’agit des palais extraterritoriaux, du ›Vatican-hors-les-murs’, dont le plus important est la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, ainsi que les basiliques majeures et certains bureaux de la curie. Au fil des semaines à venir, l’agence I.MEDIA proposera de retrouver un de ces lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’ parmi lesquels la Maison Sainte-Marthe, nouveau cœur du Vatican; le Palais du Gouvernorat, siège des services généraux, techniques et économiques; la gare ferroviaire, devenue magasin de luxe; la reproduction de la Grotte de Lourdes où les papes aiment à se recueillir; le monastère Mater Ecclesiae où s’est retiré Benoît XVI (2005-2013), ou encore la Casina Pio IV, siège de l’Académie pontificale des sciences. (apic/imedia/cd/ce)

Jacques Berset

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