Le nouvel Abbé de Saint-Maurice – qui a pris la succession du Père Abbé Joseph Roduit, administrateur apostolique de l’Abbaye d’Agaune depuis sa démission le 18 mars dernier – est âgé de 63 ans. Connu pour ses talents de musicien, comme pianiste, chef de chœur et compositeur, Jean Scarcella explique que la musique a eu certainement une incidence sur son choix de vie, «car je dis souvent que la musique vient du ciel; elle nous dépasse, elle transcende toutes choses, et quand, dans la liturgie, elle orne les paroles qui disent un rite qu’elle accompagne, alors elle a quelque chose de divin».
«La Laus perennis, qui est à la base de la vocation de notre monastère, c’est de la musique; depuis toujours ici la musique par le chant a porté la prière des moines puis des chanoines. Depuis 1500 ans c’est ainsi, il n’y a rien à innover!», poursuit-il.
Au-delà du Jubilé des 1500 ans de l’Abbaye, qui s’achève le 22 septembre prochain, le Père Abbé Jean Scarcella est serein quant à l’avenir de la communauté et de ses 37 chanoines, qui ne sont plus tout jeunes. «Le monastère d’Agaune est œuvre de Dieu, comme tant d’autres dans le monde; peut-on donner un âge à Dieu? Il est ‘de toujours à toujours’, comme dit un psaume. Notre communauté s’inscrit donc dans cette œuvre et, bien qu’elle ne soit pas immortelle, bien sûr, elle participe de cette œuvre. Et du coup, l’âge des confrères devient second. Ce qui importe, c’est la prière et la présence de chacun, son œuvre contemplative et apostolique. Aujourd’hui nous sommes là, demain ils seront là. Tout cela est œuvre de Dieu et lui appartient, comme l’avenir est à Dieu».
Concernant l’avenir de la communauté, le Père Abbé relève qu’il n’y a pas de marketing pour les vocations religieuses. «Encore une fois, c’est quelque chose qui ne nous appartient pas! Vocation, du latin ‘vocare’, cela veut dire ‘appeler’. Qui appelle? Dieu, et lui seul. Nous, nous ne sommes que des témoins. C’est donc par notre joie de vivre en consacrés, notre ouverture, notre équilibre de vie, notre bonheur partagé, notre accueil des autres que nous saurons donner un visage à ce qu’on appelle la vocation. Notre participation à cette œuvre de Dieu ne se fait pas par la voix, mais par tout l’être. S’ouvrir au souffle de Dieu et souffler, avec lui, sur le monde!»
L’Abbaye de Saint-Maurice se veut en relation, «dans la communion des saints par la prière», avec les Eglises d’Afrique, du Proche et du Moyen-Orient, à l’heure où celles-ci passent par de dures épreuves. «Mais les rapports avec l’Eglise copte d’Egypte sont particuliers du fait même du martyre de Maurice et de ses compagnons. Les relations se sont développées grâce à la demande de ces Eglises qui souhaitent des reliques de nos saints qui sont leurs ancêtres, selon le mot historique (pour moi) de Sa Sainteté Tawadros II, le pape des coptes».
Encadré
Une enfance à Montreux
Seul enfant de Julien Scarcella, fils de Constant, émigré d’Italie (Sicile) dans les années 1920, et de Grety Scarcella, née Gerber, originaire de Sumiswald, dans canton de Berne, Jean Scarcella est né à Montreux le 28 décembre 1951. Il passe son enfance à Montreux, avant d’entrer à l’Abbaye de Saint-Maurice. Profès le 5 octobre 1985, ce diplômé de musique est ordonné prêtre le 31 mars 1990.
Nommé vicaire d’Aigle en 1990, il devient en 1992 curé de Bex et collaborateur au Centre Romand de Pastorale et Liturgie à la Pelouse sur Bex. En 2006 il est nommé animateur liturgique puis recteur de la Basilique de Saint-Maurice, en plus de sa charge de curé de Bex. Il devient le 25 juillet 2009 prieur et vicaire général, c’est-à-dire le premier assistant de l’Abbé dans ses tâches de gouvernement de la Congrégation des chanoines. Il était également recteur de la Basilique et maître de chœur. (apic/be)
Jacques Berset
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