2015 pourrait être l’année la plus violente depuis la fin de la guerre civile et la signature des accords de paix, en 1992. Pour preuve, l’Institut médicolégal a révélé que 2865 cas de mort violente avaient été enregistrés pour les six premiers mois de 2015. Soit 1025 de plus que les 1840 homicides recensés lors du premier semestre 2014. Cette escalade de violence n’épargne même pas les enfants. Au mois de juin en effet, 69 des victimes étaient des enfants ou adolescents, dont une petite fille de six ans, brutalement violée et assassinée.
Face à ces statistiques, l’Église a assuré qu’elle était très préoccupée. «Nous ne pouvons pas nous habituer ni nous résigner face à tant de morts», a ainsi déclaré Mgr Jose Luis Escobar Alas, l’archevêque de San Salvador. Une inquiétude partagée par Mgr Gregorio Rosa Chávez, l’évêque auxiliaire de San Salvador. «Nous voyons que la violence augmente toujours d’avantage, opposant, da manière toujours plus brutale, les forces de sécurité et le crime organisé.»
Ce sentiment est d’ailleurs de plus en plus partagé, y compris dans les médias. Un récent éditorial publié par «Contrapunto», un quotidien de la capitale, évoque l’existence d’une véritable guerre entre la Police, les Forces armées et les gangs. Avec une évolution inquiétante. «La stratégie des gangs a changé. Ces derniers souhaitent en effet insuffler un climat de terreur en s’attaquant directement aux policiers et aux soldats.» Avec succès, puisque des mesures draconiennes ont été adoptées pour répondre à ces menaces.
Le président Sanchez Cerén a ainsi annoncé en avril dernier la création des Forces Spéciales de Réaction (FER), un nouveau corps d’élite destiné à combattre les gangs lors de «frappes chirurgicales», comme des assauts menés contre des logements occupés par des membres de gangs, la libération d’otages retenus dans transports publics ou encore des attaques dans des zones rurales contrôlées par des gangs.
Le problème de ces mesures, souligne néanmoins le journal «Contrapunto», c’est qu’elles contribuent à maintenir un climat de violence. Pire, cette situation met en évidence de façon criante que «la violence appelle la violence et que la répression ne constitue pas une solution, si elle n’est pas accompagnée de politiques -promises- de réinsertion et de prévention du crime.» (apic/jcg/pp)
Pierre Pistoletti
Portail catholique suisse
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