Kath.ch: Vous avez écrit il y a trois ans le livre «Familienbande» (Liens familiaux), où vous décriviez les divers modèles familiaux dans la société actuelle. La plupart des personnes concernées étaient éloignées de l’Eglise. Quelles différences avez-vous trouvé entre ces modèles et ceux présents dans les milieux catholiques?
Christina Caprez: Les différences sont moins importantes que ce que l’on pourrait penser. Dans le cadre de «Familienvielfalt in der katholischen Kirche», nous avons pris en compte tout le spectre des modèles familiaux présents dans les milieux catholiques. Nous avons rencontré notamment un couple hétérosexuel âgé vivant selon les normes de l’Eglise, y compris en ce qui concerne la planning familiale naturel, mais également un couple de femmes qui vivaient avec leurs enfants. Ce qui les relie, c’est la foi, d’où ils tirent des valeurs telles que l’amour du prochain ou l’hospitalité. Les valeurs des personnes vivant de façon conventionnelle ou non-conventionnelle sont très similaires.
Comment cela se manifeste concrètement?
CC: Une administratrice de paroisse nous a raconté comment le conseil avait choisi un couple de lesbiennes pour occuper le presbytère vacant. «Je ne vis définitivement pas selon les recommandations de Rome. Mais qui le fait encore aujourd’hui, excusez-moi?», s’est-elle justifiée. L’administratrice vit elle-même avec son mari et ses enfants. Elle ressent apparemment néanmoins plus d’affinités avec ce couple de femmes qu’avec la doctrine de l’Eglise.
Quelles relations à l’Eglise ont les personnes interviewées?
CC: Elles se sentent toutes liées à la foi chrétienne. Certaines d’entre elles se sont cependant éloignées de l’Eglise, même si cette distanciation est relative. Plusieurs ont affirmé qu’elles retourneraient vers l’Eglise si les choses changeaient. D’autres envoient leurs enfants aux cours de catéchisme, quand ils trouvent l’enseignante sympathique.
Ces personnes se sentent-elles restreintes au niveau de la morale sexuelle?
CC: J’ai constaté que, dans de nombreuses communautés de fidèles, on pouvait vivre de façon relativement libre. Par exemple, dans de nombreux endroits, les prêtres et les assistants pastoraux donnent la communion aux personnes divorcées ou à des réformés. J’ai trouvé que cette ouverture dans les communautés d’Eglise à l’égard de la diversité des modèles familiaux- qui va à l’encontre de l’enseignement catholique – était l’aspect le plus intéressant de notre travail. Malgré tout, les gens ne se fichent pas de la parole officielle de l’Eglise. Ils veulent juste être reconnus dans la réalité de leur vie. Les signaux que l’Eglise catholique envoie officiellement sur ces questions dissuade les gens. (apic/kath/rp/rz)
Raphaël Zbinden
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