Selon les évêques orthodoxes grecs, la population a géré, ces dernières années, son argent avec trop de légèreté, raconte Konstantina Peppa, qui enseigne la religion et l’éthique dans un lycée d’Athènes. «Nous avons vécu dans l’illusion durant cette période». Les banques octroyaient facilement des prêts. Les gens se sont habitués à tout acheter à crédit. Les évêques ont critiqué le fait que la solidarité et l’amour du prochain passent au second plan, et qu’ils soient remplacés par le matérialisme pour de nombreux Grecs.
«Ce que fait le gouvernement ne concerne pas l’Eglise. L’Eglise ne s’immisce pas dans la politique et inversement» tient à souligner la théologienne grecque. Les relations entre le premier ministre Alexis Tsipras, un athée déclaré, et l’Eglise sont» bonnes mais superficielles». Et ceci alors même que le politicien a refusé, lors de la cérémonie d’investiture au Parlement, de prêter le traditionnel serment religieux sur la Bible. Dans l’ensemble, la frontière entre l’Etat et l’Eglise est devenue plus claire commente Konstantina Peppa.
La non-implication de l’Eglise orthodoxe grecque dans la politique ne l’empêche pas d’être très active au plan social. Chaque diocèse à son organisme caritatif. Un exemple significatif est l’œuvre d’entreaide Apostoli, créée par l’archevêché d’Athènes en 2010, qui effectue un travail très important. Sa fondation, raconte la théologienne, a coïncidé avec la crise. Apostoli a lancé de nombreux projets sociaux. L’organisme distribue des repas gratuits aux personnes démunies, soutient les familles avec des colis de nourriture, organise des soins médicaux pour les sans-abris et les personnes qui n’ont pas d’assurance maladie. L’Eglise orthodoxe grecque a toujours eu une activité caritative importante, mais avec Apostoli, l’aide aux nécessiteux est devenue beaucoup plus concrète. Ceci est d’autant plus important, commente la théologienne, que «chaque année le nombre de chômeurs augmente».
Selon Konstantina Peppa, l’Eglise est également touchée par la crise de la dette. En Grèce, les prêtres sont des fonctionnaires. En tant que tel, ils ont dû accepter des baisses de salaire. De plus le clergé paye davantage d’impôts. Concernant la richesse de l’Eglise, la théologienne explique que «les empereurs byzantins ont donné aux monastères de nombreuses terres avant l’arrivée des Ottomans et la chute de Constantinople en 1453. Mais on ne peut pas en faire grand-chose aujourd’hui. Personne n’a assez d’argent pour acheter ces terrains». Dans la période actuelle de crise, des voix s’élèvent régulièrement pour demander la suppression des exonérations fiscales dont bénéficie l’Eglise grecque. Celle-ci se défend en mettant en avant le rôle caritatif très important qu’elle joue. Un rôle que l’Etat serait difficilement capable de reprendre aujourd’hui à sa charge. (cath.ch-apic/kath.ch/bl/ce)
Catherine Erard
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