Le pape François a célébré la dernière messe géante de son voyage devant un immense retable coloré orné de 32’000 épis de maïs, de cucurbitacées et noix de coco. De part et d’autre du retable, figuraient deux fresques réalisées avec des graines, représentant saint François d’Assise, fondateur de l’ordre franciscain, et Ignace de Loyola, fondateur de l’ordre jésuite, deux grandes figures majeures du pape François, jésuite. En haut du retable, pouvait aussi se lire l’inscription «IHS», premières lettres du nom de Jésus en grec, et souvent reproduites dans les missions jésuites et franciscaines. La célébration a été ponctuée de chants d’un chÅ“ur de plus de 500 personnes et de l’orchestre symphonique national. Certaines lectures ont été prononcées en guarani, langue officielle du pays au même titre que l’espagnol.
A son arrivée, le pape argentin a été invité à boire du maté cocido, boisson chaude traditionnelle de divers pays d’Amérique latine, dont l’Argentine. Selon les médias locaux, quelque 700’000 personnes assistaient à la célébration. La veille, en fin d’après-midi, de nombreux jeunes campaient déjà devant le parc Nu Guazú»«¨ pour être sûres d’avoir une chance d’assister à la messe en bonne place.
Cristina Kirchner, présidente de l’Argentine, assistait également à la messe, arrivée la veille au soir au Paraguay. Le pape devait brièvement la saluer à la fin de la célébration. Dans l’après-midi du 10 juillet, l’avion du pape François entre la Bolivie et le Paraguay avait survolé l’Argentine, le temps d’une minute. C’est la première fois que le pape survolait son pays natal depuis son départ du pays pour le conclave de mars 2013. Dans un télégramme envoyé à Cristina Kirchner, le pape argentin exprimait alors sa proximité et son affection à cette chère nation, et priait pour qu’elle puisse progresser dans les valeurs humaines et spirituelles, et accroître son engagement pour la justice et la paix.
Méditant sur l’évangélisation, thème central de son voyage en Amérique latine, le pape a regretté que, trop souvent, la mission soit pensée sur la base de projets ou de programmes. «Que de fois n’imaginons-nous pas l’évangélisation grâce à des milliers de stratégies, de tactiques, de manœuvres, de stratagèmes, a-t-il poursuivi, cherchant à convertir les personnes avec nos argumentations». Pourtant, «dans la logique de l’Evangile, a-t-il expliqué, on ne convainc pas avec les argumentations, les stratégies, les tactiques, mais en apprenant à accueillir». «La caractéristique de l’Eglise, a insisté le pape, ce n’est pas principalement de gérer des choses, des projets, mais c’est d’apprendre à vivre la fraternité avec les autres».
S’appuyant sur l’Evangile du jour, où Jésus dit à ses disciples: «Restez là où l’on accueillera», le pape en a conclu que «Jésus, en bon maître, pédagogue, les envoie pour vivre l’hospitalité». «Jésus ne les envoie pas comme des puissants, comme des propriétaires, des chefs, chargés de lois, de règles, a-t-il encore souligné. Au contraire, il leur indique que le chemin du chrétien est de transformer le cœur». C’est-à -dire, a-t-il ajouté, «passer de la logique de l’égoïsme, de la fermeture, de l’affrontement, de la division, de la supériorité, à la logique de la vie, de la gratuité, de l’amour».
Si «nous ne pouvons obliger personne à nous recevoir, à nous héberger», a reconnu le pape, «il est aussi certain que personne ne peut nous obliger à ne pas être accueillants, hospitaliers envers la vie de notre peuple».
Avant de réciter la prière de l’Angélus, le pape François a souligné la foi des Paraguayens, très imprégnée d’amour pour la Vierge Marie, comme en beaucoup d’autres pays de l’Amérique Latine. «Ne cessez pas d’invoquer Marie et de lui faire confiance», a-t-il alors conseillé, avant de prier pour fortifier les liens fraternels entre tous les membres de l’Eglise. «Je sais bien combien on aime le pape au Paraguay, a-t-il alors ajouté. Moi aussi je vous porte dans mon cœur et je prie pour vous ainsi que pour votre pays». Le pape devait ensuite déjeuner avec les 22 évêques du Paraguay au centre culturel de la nonciature apostolique. (apic/imedia/bl/mp)
Maurice Page
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