A son arrivée dans le Palais des sports pouvant accueillir jusqu’à 5’000 personnes, le pape François a d’abord écouté un concert de l’orchestre de Cateura, un quartier pauvre d’Asunción, désormais connu dans le monde entier pour ses instruments, fabriqués à partir de déchets récupérés dans les ordures, gouttières, pièces de monnaie, boîtes de conserve etc. Après avoir écouté les questions d’un jeune catholique, d’un indigène, d’une paysanne, d’une entrepreneuse et d’un fonctionnaire, le pape leur a répondu dans un discours, quittant souvent son texte des yeux pour improviser, et méditer, notamment, sur le concept d’idéologies.
«Les idéologies terminent mal, a-t-il ainsi prévenu. Elles ont une relation ou incomplète, ou maladive, ou mauvaise avec le peuple». Les idéologies, a-t-il insisté, «pensent pour le peuple, mais ne le laissent pas penser. Les idéologies n’assument pas le peuple». Et de tacler également ceux qui, «de bonne volonté», pensent «tout pour le peuple, mais ne font rien avec le peuple». Le pape a alors averti que les idéologies terminaient souvent en dictatures. Une des méthodes qu’avaient les idéologies, par le passé, «étaient d’écarter le peuple par la mort: prison, camps d’extermination, comme le faisaient les nazis ou les staliniens.
Cette longue improvisation du pape argentin, à la dernière étape de son voyage en Amérique latine, et en présence d’autorités politiques, pourrait s’apparenter à une critique du socialisme latino-américain. Cette critique du «tout pour le peuple», mais «rien avec le peuple» se retrouve également chez les évêques boliviens, qui font ce reproche plus particulièrement au président Evo Morales.
Dans une autre improvisation, le pape a également critiqué, une nouvelle foi, la corruption, qu’il a qualifié de «mite, de gangrène du peuple». En Equateur, au Bolivie et au Paraguay, la corruption est un mot qui revient régulièrement dans la bouche des fidèles interrogés sur leurs attentes vis-à-vis du pape. Et le pape de confesser que parfois, il a «un peu d’allergie» quand il écoute des discours grandiloquents. «Quand on connaît la personne qui parle, on se dit, quel menteur !», a-t-il alors ajouté.
Alors qu’il semblait avoir terminé son discours, le pape a repris la parole et donné un conseil: «le pire qui puisse vous arriver est de penser, en sortant d’ici: ›c’est bien ce qu’a dit le pape à un tel. Mais je le dis à vous, à chacun d’entre vous !».
Répondant à la question d’un jeune catholique, le pape François a aussi encouragé la jeunesse paraguayenne à «contrecarrer la mentalité croissante qui considère qu’il est inutile et absurde d’aspirer à des choses qui valent la peine». Devant les autres interlocuteurs, le pape a une nouvelle fois mis en garde contre une économie sans visage, ne répondant pas au fétichisme de l’argent. (apic/imedia/bl/mp)
Maurice Page
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