La procession du début de la messe, devant le sanctuaire, a dû commencer sans le pape, officiellement «ému» devant la statue de Notre-Dame de Caacupé. Le médecin du pape s’est déplacé à l’intérieur du sanctuaire, suscitant quelques instants d’inquiétude de son entourage. I.MEDIA a vu le médecin se diriger en courant vers l’intérieur du sanctuaire. L’évêque local a alors pris la parole pour dire que le pape était simplement «ému» et demandait de poursuivre la messe. Une petite dizaine de minutes plus tard, le pape de 78 ans est finalement réapparu et a ouvert la messe, recueilli mais fatigué, sous les applaudissements des pèlerins.
La basilique blanche du sanctuaire de Caacupé se dresse au cœur d’un petit village de la forêt tropicale paraguayenne, entouré de collines verdoyantes. Les fidèles y vénèrent la statue de la «Vierge de l’Immaculée conception des miracles», également très importante pour le pape argentin. Alors archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio avait créé de nombreuses chapelles dédiées à cette Vierge dans les villas miserias de la capitale. Dans la foule, se trouvaient de nombreux pèlerins de l’Argentine voisine, vêtus de maillots de football aux couleurs de leur équipe nationale et agitant des drapeaux du pays. Un bon nombre de fidèles étaient venus aussi du Brésil. La place devant la basilique ne pouvant contenir que 80’000 fidèles, nombreux sont ceux qui se pressaient dans les rues alentour.
Hommage aux mères paraguayennes
Dans son homélie, le pape François a une nouvelle fois fait référence aux femmes et aux mères paraguayennes, qui avec grand courage et abnégation ont su relever un pays détruit, effondré, submergé par la guerre. «Vous avez la mémoire, le patrimoine génétique de celles qui ont reconstruit la vie, la foi, la dignité de votre peuple», a alors ajouté le pape. «Comme Marie, a-t-il poursuivi, vous avez vécu des situations très mais très difficiles, qui selon une logique commune seraient contraires à toute foi».
Une référence explicite au rôle important des femmes, après la guerre de la Triple-Alliance qui opposa le Paraguay à la coalition du Brésil, de l’Argentine et du l’Uruguay, de 1865 à 1870. Le conflit ayant décimé plus de la moitié de la population du Paraguay, laissant 29’000 hommes pour 120’000 femmes en âge de procréer, une polygamie de fait et presque de droit devint la règle, pour repeupler le pays. Les séquelles de cette pratique se font encore sentir aujourd’hui, alors que seuls trois enfants sur dix sont reconnus par leur père. En outre, après la guerre, ce sont les femmes qui ont dû élever seules leurs enfants ou encore accepté d’émigrer pour trouver du travail et nourrir leurs familles.
La veille, à son arrivée à Asuncion, ainsi qu’à plusieurs reprises depuis le début de son pontificat, le pape avait déjà fait référence à cet épisode tragique de l’histoire du Paraguay. Comme Marie, encouragées et soutenues par son exemple, vous avez continué à croire», a alors souligné le pape. Et d’encourager les Paraguayens à ne pas perdre la mémoire, les racines, les nombreux témoignages reçus du peuple croyant et qu’ils ont rendus pour ses causes.
Au terme de la messe, le pape devait renouveler l’acte de consécration du Paraguay à l’Immaculée conception fait par Jean-Paul II lors de sa visite au sanctuaire en 1988. (apic/imedia/bl/mp)
Maurice Page
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