Au cours de son homélie, sous un fort vent qui a fait s’envoler sa calotte, le pape François a appelé les Boliviens à garder à l’esprit le souvenir de toutes les communautés «qui sont nées au nom de Jésus sur ces terres, dont nous sommes des héritiers». Soulignant la présence, depuis le début de son voyage en Amérique latine, de nombreuses mères portant leurs enfants sur les épaules, le pape a fait le parallèle avec la joie et la douleur d’une terre qu’elles portent également sur elles. «Vous portez la mémoire de votre peuple, a alors lancé le pape à la foule de fidèles. Les peuples ont une mémoire, a-t-il repris, une mémoire qui se transmet de génération en génération, une mémoire en chemin».
«L’Église est une communauté qui fait mémoire», a encore insisté le pape. «Nous ne sommes pas des personnes isolées, séparées, a-t-il ajouté, mais le peuple de la mémoire actualisée et toujours offerte. Une vie qui fait mémoire, a-t-il poursuivi, a besoin de la rencontre, d’une solidarité réelle qui soit capable d’entrer dans la logique de l’accueil, dans la logique de l’amour».
«Dans un cœur désespéré, a souligné le pape, il est très facile que prenne place la logique qui prétend s’imposer dans le monde d’aujourd’hui. Une logique qui cherche à tout transformer en objet d’échange, de consommation, qui rend tout négociable». «Une logique, a-t-il insisté, qui prétend donner espace à un petit nombre, en écartant tous ceux qui ne produisent pas, qui ne sont pas considérés aptes ou dignes». Reprenant la phrase de Jésus dans l’Evangile du jour sur la multiplication des pains, le pape a alors lancé: «ça suffit avec ceux qui sont mis à l’écart, donnez-leur vous-mêmes à manger !». «L’Eucharistie, a alors expliqué; le pape, est sacrement de communion, qui nous fait sortir de l’individualisme pour vivre ensemble à la suite de Jésus».
Sur la place où le pape François a célébré la messe, figure une immense statue du Christ-Rédempteur, inaugurée 54 ans plus tôt lors du précédent congrès eucharistique national. Ouvrant la cérémonie, le pape tenait à la main un nouveau bâton pastoral, incrusté d’une statuette de Jésus représenté en ›Bon pasteur’, des brebis à ses pieds. Des représentants des communautés autochtones, vêtus d’habits traditionnels colorés, ont lu les prières universelles en langues quechua et aymara, symbole des nombreuses réalités ethniques cohabitant dans le pays.A la fin de cette messe, ponctuée de chants entraînants en espagnol, le pape François devait remettre des croix missionnaires pour le prochain colloque missionnaire d’Amérique latine prévu en 2018,à Santa Cruz, toujours sur le thème de l’évangélisation du continent, en écho au thème du voyage papal. (apic/imedia/bl/mp)
Maurice Page
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