Le pape François invite à une solution commune dans le conflit frontalier entre Bolivie et Chili

La Paz, 09.07.15 (cath.ch-apic) Dans une allusion explicite au conflit frontalier qui oppose le Chili et la Bolivie pour un accès à la mer, le pape François a invité à des solutions communes mais sans agressivité, dans la soirée du 8 juillet 2015 à La Paz (Bolivie). Devant des représentants de la société civile, dans la cathédrale de la capitale politique du pays, le pape a aussi souhaité que le rôle spécifique des religions soit reconnu dans la société, en particulier celui du christianisme.

«Le développement de la diplomatie avec les pays voisins, a ainsi expliqué le pape, dans le but d’éviter des conflits entre des peuples frères et de contribuer à un dialogue franc et ouvert sur les problèmes est aujourd’hui indispensable. Je suis en train de penser à la mer», a alors ajouté le pape dans une improvisation inattendue. Il faut construire des ponts plutôt qu’ériger des murs, a-t-il poursuivi, dans une claire allusion au conflit frontalier qui oppose la Bolivie et la Chili depuis la fin du 19e siècle. Tous les thèmes, aussi épineux soient-ils, a encore insisté le pape, ont des solutions communes, raisonnables, équitables et durables. Et, dans chaque cas, ils ne doivent jamais être des motifs d’agressivité, de rancœur ou d’inimitié qui aggravent encore plus la situation et en rendent plus difficile la résolution.

Après des négociations infructueuses avec le Chili, la Bolivie a déposé une plainte à la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye, en 2013, en vue de récupérer son accès souverain à la mer, perdu lors de la guerre du Pacifique (1879-1883). Cet accès à la mer est constitué aujourd’hui par les régions chiliennes de Tarapaca et Antofogasta, soit 400 km de côtes et 120’000 km2, dont le désert d’Atacama, très riche sur le plan minier.

Début janvier, le président bolivien Evo Morales avait publiquement évoqué l’idée d’une médiation du pape François sur ce sujet, encouragé par le succès de la diplomatie vaticane dans la normalisation des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Si le pape François n’a pas pris position, il répond ainsi en partie aux attentes d’Evo Morales. Un peu plus tôt, en accueillant le pape à l’aéroport d’El Alto, Evo Morales avait en outre assuré que son pays avait été mutilé dans son droit d’accès à la mer à travers une invasion».

Unité, intégration, liberté religieuse

Au cours de son discours, le pape François a aussi insisté, comme en Equateur, sur les défis de l’unité et de l’intégration. «Dans cette terre où l’exploitation, l’avidité, les multiples égoïsmes et les perspectives sectaires ont jeté des pans d’obscurité sur son histoire, a-t-il martelé, aujourd’hui ce peut être le temps de l’intégration», et de la consolidation de la ›Grande Patrie’. La Bolivie a notamment été marquée par deux longues périodes de dictatures (1964-1982).

Enfin, le pape François a tenu à rappeler le rôle important dans la formation de l’identité du peuple bolivien du christianisme. «La liberté religieuse, a-t-il souligné, nous rappelle aussi que la foi ne peut être réduite à la sphère purement subjective. La foi n’est pas une sous-culture !» a insisté le pape, sortant de son texte. «Ce sera pour nous un défi d’encourager (…) l’épanouissement de la spiritualité et de l’engagement chrétien en œuvres sociales», a-t-il encore insisté. Et le pape d’inviter à reconnaître le rôle spécifique des religions dans la société, et celui des chrétiens, en particulier. Depuis le vote de la Constitution bolivienne de 2009, qui a retiré à l’Eglise catholique le statut de religion d’Etat, les relations entre l’épiscopat local et le gouvernement sont très tendues.

Un peu plus tôt, le pape François avait effectué une rencontre officielle avec le président Evo Morales, au Palais du gouvernement de La Paz. Le président, ancien syndicaliste, lui avait notamment remis le dossier du contentieux entre la Bolivie et le Chili sur l’accès à la mer, présenté à la Cour internationale de justice de La Haye. Il lui a aussi offert une réplique de la croix du père jésuite Luis Espinal assassiné en 1980, en forme de faucille et de marteau. Le pape a pour sa part offert à Evo Morales une réplique d’un tableau de la Vierge Marie de l’église Saint-Marie-Majeure de Rome. (apic/imedia/bl/mp)

Maurice Page

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