Le migrant n'est pas un ennemi à combattre

Vilnius, 8 juillet 2015 (cath.ch-apic) Face à la mondialisation du phénomène migratoire, il faut répondre par la mondialisation de la solidarité, en s’aidant de l’imagination de la charité. Tel est l’enseignement principal de la rencontre des responsables nationaux de la pastorale pour les migrants des Conférences épiscopales en Europe (CCEE), tenue à Vilnius, en Lituanie, du 30 juin au 2 juillet 2015.

 Les drames qui accompagnent ceux qui cherchent à rejoindre le continent européen interpellent la conscience de l’humanité. Le migrant n’est pas un problème à résoudre, l’ennemi à combattre, l’envahisseur dont on doit se protéger, souligne le CCEE. Le migrant est avant tout une personne concrète dont la dignité doit être respectée et défendue.

Bien que reconnaissant à chaque État le droit de réguler les flux migratoires et de mettre en œuvre des politiques dictées par les exigences générales du bien commun, la pastorale de l’Église à l’égard des migrants est animée par un double principe.Le droit de la personne à émigrer, c’est-à-dire le droit de s’établir là où il le juge le plus opportun pour une meilleure réalisation de ses capacités, de ses aspirations et de ses projets; et le droit à ne pas émigrer, c’est-à-dire à rester sur sa terre d’origine. Ces principes se fondent sur le respect de la dignité humaine, qui demeure le point central de toute activité pastorale de l’Église.

Le migrant un don pour la communauté locale

Les migrants sont considérés aujourd’hui avec soupçon, méfiance et préjugés, sinon avec hostilité. Même face à ces drames humains la réponse apportée semble exprimer la distance, la résignation voire l’indifférence, note le CCEE. La politique, tant au niveau national qu’européen, continuant à affronter le phénomène migratoire uniquement en termes de budget et de sécurité. Face à cet égoïsme social’ croissant, l’Église doit être une voix prophétique qui demande aux États de prendre leurs responsabilités.

Pour les évêques, s’il est accueilli en tant que personne, le migrant se révèle être aussi un don pour la communauté locale. Le défi de l’accueil n’est donc pas seulement un défi logistique d’intervention, c’est avant tout un défi éducatif des personnes migrantes et des communautés qui accueillent. C’est une invitation à s’ouvrir au dialogue.

Pas de religiosité folklorique

Dans le domaine ecclésial, une fois surmontée la phase de premier accueil, les communautés de migrants peuvent être une occasion de renouvellement de la vie paroissiale. A l’inverse, l’émigration peut conduire à un appauvrissement voire à l’abandon de la pratique religieuse. Il s’agit alors de préserver l’identité religieuse et culturelle d’une communauté donnée sans que cela se fasse au détriment de l’intégration. Les évêques recommandent une meilleure formation des prêtres qui doivent être des ponts entre les communautés de migrants et l’Eglise locale. Il faut éviter que la religiosité traditionnelle ne se transforme en une religiosité folklorique ou identitaire. (apic/com/mp)

Maurice Page

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/le-migrant-nest-pas-un-ennemi-a-combattre/