L’association ‘Frislam Fribourgeois musulmans’ et les diverses communauté islamiques avaient mis les petits plats dans les grands pour recevoir dignement leurs hôtes et manifester leur souci d’intégration dans la société locale. A la tombée du jour, dattes, bol de soupe, beignets, pâtisseries et thé à la menthe ont favorisé la rencontre de populations qui se côtoient sans vraiment se connaître.
«Nous voulons jeter des ponts, être des bâtisseurs de paix en créant des espaces de dialogues», explique Hamsa Mohamed, président de la jeune association Frislam Fribourgeois musulmans. Ce Somalien de 28 ans, étudiant à l’Université, veut inviter ses coreligionnaires à s’engager dans la société locale. Même volonté chez Leila Batbout, de l’Union des associations musulmanes de Fribourg: «Nous ne voulons pas être réduits à notre seule appartenance religieuse, d’origines et de nations variées, nous aspirons à vivre sereinement dans la liberté et dans le cadre des institutions suisses.»
Du côté des autorités politiques, le syndic de la Ville de Fribourg, Pierre-Alain Clément se félicite de ce désir «de faire connaître votre vie de Fribourgeois musulmans, malgré tous les obstacles.»
Cette sérénité est malheureusement mise à mal par la violence islamique qui se déchaîne un peu partout dans le monde, a déploré la Conseillère d’Etat Marie Garnier. La vice-présidente du gouvernement fribourgeois attend des musulmans de Suisse, une condamnation claire et sans équivoque de la barbarie et des ignominies. Elle les invite à défendre la voie du juste milieu, contre la radicalisation autour de valeurs comme la liberté de conscience, l’égalité homme-femme et les droits humains en général. «Ne vous laissez pas instrumentaliser par les manipulateurs et les discours de haine.»
Reprenant la récente adresse du pape François aux musulmans de Sarajevo, Laurent Passer, président de la Corporation ecclésiastique catholique du canton de Fribourg (CEC), a salué des frères et des sœurs, membres de la famille humaine créée par le Dieu unique. La joie de la fête et de la rencontre est cependant ternie par la violence qui fait actuellement tant de martyrs, chrétiens et musulmans, victimes de la 3e guerre mondiale par morceaux, toujours selon les mots du pape. «Musulmans et chrétiens, nous souffrons ensemble et nous voulons répéter notre condamnation de ces faits inqualifiables qui offensent Dieu et déshonore ceux qui les commettent.»
«Nous avons beaucoup de choses à nous dire», a prolongé Pierre-Philippe Blaser, président du Conseil Synodal de l’Eglise évangélique réformée fribourgeoise. Le fanatisme n’aime pas la discussion, parce qu’il n’a pas d’arguments. C’est une forme de paresse, alors que la discussion est un effort. «
C’est autour de tables généreusement garnies, que la discussion s’est effectivement prolongée durant la soirée. (apic/mp)
Maurice Page
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