«En tant qu’institution, nous appuyons la candidature d’un prêtre qui a lutté avec et pour le peuple», a déclaré Yotalanda Herrera, présidente de l’APDHB. La campagne d’appui au procès en béatification va commencer le 7 juillet, la veille de l’arrivée prévue du pape en Bolivie. Selon le programme officiel, le pape, au cours de son transfert vers la capitale du pays, fera une halte de quelques minutes pour prier à proximité du site où a été retrouvé le corps du jésuite, près de la ville d’El Alto.
Cette démarche est soutenue par l’Eglise bolivienne. Récemment, l’un de ses représentants a reconnu Luis Espinal comme «un homme qui a toujours éveillé, et aujourd’hui encore, les meilleurs sentiments».
Le Père Luis Espinal Camps est né en Espagne en 1932. Il est arrivé comme missionnaire en Bolivie le 8 août 1968, à l’âge de 36 ans, alors qu’il avait intégré l’ordre des jésuites en 1951, à 19 ans, puis avait été ordonné prêtre en 1962. Poète, journaliste, cinéaste, il assurait que ce sont tous là «des moyens qui conduisent à Jésus».
En arrivant en Bolivie, le Père Espinal a découvert une situation politique, sociale et économique dramatique. Les coups d’Etat militaires et les juntes se succédaient au pouvoir, rivalisant de férocité et de cruauté. Le jésuite s’est immédiatement senti touché par cette situation et s’est rapidement impliqué aux côtés des mineurs d’étain, extrêmement démunis. Une démarche qui lui a rapidement valu la haine des militaires qui l’ont taxé immédiatement «d’étranger subversif, dangereux récidiviste».
Au cours de son intense activité pastorale, jamais départie d’implication sociale, le Père Espinal a écrit plusieurs livres, réalisé de nombreux documentaires et produit divers programmes télévisés et radiophoniques. Il a également été le cofondateur de l’Assemblée des Droits Humains et a occupé les fonctions de directeur de l’hebdomadaire «Aqui» (Ici) jusqu’à sa mort.
En 1977, en compagnie d’autres manifestants qui réclamaient plus de démocratie et de liberté, il a participé à une grève de la faim qui a duré 19 jours. Après son arrestation et son emprisonnement, la nuit du 21 mars 1980, son corps a été retrouvé avec une balle dans la tête, horriblement mutilé, près de la rivière Choqueyapu.
Comme l’ont démontré plusieurs enquêtes conduites des années plus tard, l’assassinat a été ordonné et planifié par le dictateur Garcia Meza et son bras droit, Luis Arce Gómez. (apic/jcg/rz)
Raphaël Zbinden
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