Après la publication de l’encyclique du pape François ‘Laudato Si’, le Vatican poursuit sa campagne de sensibilisation sur l’environnement, à quelques mois du sommet de l’ONU sur le climat à Paris, en décembre 2015. Du 2 au 3 juillet, le Conseil pontifical Justice et Paix, en partenariat avec la CIDSE (réseau international d’ONG catholiques pour le développement), organise ainsi un congrès de haut niveau à l’institut Augustinianum, à Rome, sur le thème de la protection de la planète.
La journaliste canadienne Naomi Klein est l’auteure de nombreux ouvrages, dont le best-seller No Logo (Actes Sud, 2002), livre de référence des altermondialistes traduit en 28 langues. Plus récemment, elle a publié Tout peut changer, capitalisme et changement climatique (Actes Sud, 2015), où elle établit le lien entre l’économie capitaliste et le dérèglement climatique. Peu après la publication de l’encyclique ‘Laudato Si’, la célèbre activiste avait publiquement pris la parole pour défendre le pape François, critiqué par les milieux conservateurs américains. «Parmi les critiques (de Laudato Si’), a expliqué Naomi Klein à la presse, j’ai noté un thème commun: le pape François pourrait avoir raison sur la science, et même sur la morale, mais il devrait laisser l’économie et la politique aux experts. Je suis en profond désaccord (…) La vérité, c’est que (…) beaucoup de ces experts économiques nous ont gravement fait échouer, a poursuivi l’intellectuelle canadienne. Ils ont produit des modèles qui ont placé scandaleusement peu de valeur sur la vie humaine, en particulier sur les vies des pauvres, et une valeur démesurée dans la préservation des profits des entreprises et de la croissance économique».
«Quand on dit des vérités puissantes, on se fait des ennemis puissants», en a conclu Naomi Klein, pour qui l’encyclique du pape représente «une réelle source d’ennuis pour les politiciens américains comptant sur la Bible comme couverture pour leur opposition à l’action climatique». Et l’altermondialiste de se féliciter du déplacement du pontife aux Etats-Unis en septembre prochain.
Se qualifiant elle-même de «juive laïque féministe», Naomi Klein a confié avoir été surprise de l’invitation du Vatican, tout en s’en réjouissant vivement. La prise de conscience progressive sur les questions du climat permet des «alliances improbables», relève-t-elle, comme «moi au Vatican» ou encore des syndicats, indigènes, groupes de croyants et écologistes travaillant de façon bien plus rapprochée qu’avant. «Dans ces coalitions, nous ne sommes pas d’accord sur tout (…) mais nous comprenons que les enjeux sont si importants, que le temps est si court (…) que nous ne pouvons pas nous permettre de laisser ces différences nous diviser».
A Rome, le congrès verra aussi la participation de leaders sociaux et politiques, comme le Premier ministre de l’archipel polynésien des Tuvalu, le ministre de l’environnement de Gambie, Mary Robinson, envoyée spécial du secrétaire général des Nations unies pour le changement climatique, le directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), ou encore l’économiste Ottmar Edenhofer, de l’Institut de Postdam pour la recherche sur l’impact climatique. Participeront également deux évêques français, une religieuse française, et le président de CCFD-Terre Solidaire (France), Bernard Pinaud.
Dans la matinée du 1er juillet, la Conférence des responsables de culte en France (CRCF), rassemblant des chrétiens, juifs, musulmans et bouddhistes, avait en outre remis au président François Hollande un plaidoyer des religions face à la crise climatique, en vue des discussions de la COP21 à Paris en décembre. (apic/imedia/bl/rz)
Raphaël Zbinden
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