Le rapport, publié fin juin par des chercheurs africains et européens de l’Institut d’études de sécurité (ISS), est le résultat d’une enquête menée en 2014, à la demande du gouvernement ivoirien.
Le document pointe un certain nombre de phénomènes qui montrent «la nécessité d’observer une vigilance accrue» sur la problématique du radicalisme religieux dans le pays. Les chercheurs notent en particulier le rôle joué par des figures du pentecôtisme dans la position «jusqu’au-boutiste», adoptée par l’ancien couple présidentiel, Laurent et Simone Gbagbo, lors de la crise post-électorale de 2010-2011.
Ils soulignent également l’existence d’un courant wahhabite (une doctrine fondamentaliste d’origine saoudienne) chez les musulmans, ainsi que l’adhésion de la grande majorité des membres de la diaspora libanaise de Côte-d’Ivoire au combat mené par le mouvement radical chiite Hezbollah au Proche-Orient. Pour les chercheurs de l’ISS, basé à Dakar, au Sénégal, la dernière décennie s’est en tout cas caractérisée, en Côte d’Ivoire, par «une religiosité» de plus en plus visible.
«Force est de constater que le dynamisme qui caractérise certains courants de la mouvance évangélique – y compris dans les relations étroites qui se sont nouées avec la sphère politique – a influé sur la période trouble qu’a traversée la Côte d’Ivoire jusqu’à la crise post-électorale de 2010-2011», affirme le document de l’ISS. Le rapport rappelle que des figures du pentecôtisme ont exercé une forte influence sur l’ancien pouvoir de Laurent Gbagbo, et ont alimenté son «jusqu’au-boutisme».
La décennie 2000-2010 a été marquée par l’intrusion du pentecôtisme dans l’arène politique en Côte d’Ivoire et sa «prise de contrôle de la République». L’ingérence de certains mouvements pentecôtistes dans la sphère politique s’est faite par le biais de pasteurs et «prophètes» qui ont renforcé leur présence dans l’entourage du couple présidentiel, notent les chercheurs de l’ISS.
En ce qui concerne l’islam, la crise malienne de 2012-2013 et les violences exercées par la secte Boko Haram au Nigeria ont mis en exergue l’existence d’une menace terroriste djihadiste et insurrectionnelle, assure le rapport. Pour la Côte-d’Ivoire, ce contexte doit attirer l’attention sur l’existence ou le développement de courants islamiques extrémistes ou violents dans le pays, souligne le document. Les liens présumés entre les communautés chiites libanaises, fortes de plus de 10’000 membres, et le Hezbollah soulèvent des questions quant à un éventuel soutien aux actions armées du mouvement.
Selon le rapport, des organisations transnationales islamiques s’implantent actuellement en Côte d’Ivoire, considérée comme une terre d’accueil favorable au libre exercice de leurs activités. Des associations originaires de la sous-région, d’obédience soufie ou proche du soufisme, qui s’investissent principalement au plan social et culturel, tout en faisant du prosélytisme, sont particulièrement à observer notent les chercheurs de l’ISS. Si, de manière générale, leurs activités ne représentent pas un sujet de préoccupation majeur, l’idéologie et les valeurs religieuses auxquelles adhèrent certaines d’entre-elles doivent, selon le rapport, susciter de la méfiance. (apic/ibc/com/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse