Le Vatican méconnu: la salle Paul VI

Rome, 30 juin 2015 (Apic) Située au sud de la basilique Saint-Pierre et partiellement sur le petit territoire du Vatican, la salle Paul VI reçoit les audiences, les concerts ou les événements organisés autour du pape depuis son inauguration en 1971. Bâtiment moderne et écologique grâce à ses panneaux solaires, elle peut accueillir jusqu’à 12’000 personnes.

La foule de pèlerins ne cessant d’affluer aux audiences générales du mercredi matin, Paul VI (1963-1978) décide en 1964 de faire construire une grande salle capable d’accueillir les rassemblements. L’architecte Pier Luigi Nervi est chargé de diriger les travaux qui débutent en 1966, sous la direction de Mgr Pasquale Macchi, secrétaire particulier du pape. L’emplacement choisi se situe à gauche de la basilique Saint-Pierre, près du bâtiment de la Congrégation pour la doctrine de la foi et de l’ancienne maison Sainte-Marthe.

Particularité juridique importante, l’Aula Nervi, de son premier nom, se trouve à cheval sur le territoire de la Cité du Vatican et de l’Etat italien. Elle bénéficie donc en partie du statut d’extraterritorialité. L’architecte italien a toutefois veillé à ce que le trône du pape se situe sur le territoire pontifical.

Un bâtiment moderne

Paul VI inaugure la salle le 30 juin 1971. Les 200’000 m3 de béton armé peuvent accueillir 6’300 personnes assises ou bien 12’000 personnes debout. De forme trapézoïdale, le bâtiment est souvent comparé à un immense coquillage. Deux grands vitraux, de forme ovoïde, laissent passer la lumière. Ils ont été réalisés par le Hongrois naturalisé Italien, János Hajnal, créateur notamment des vitraux de la façade de la cathédrale de Milan.

Jusqu’en 1977, l’estrade est surplombée par une tapisserie de l’école de Raphaël représentant la Résurrection du Christ. Puis celle-ci est remplacée par une sculpture monumentale et moderne de Pericle Fazzini, illustrant elle aussi une scène de la résurrection. L’œuvre pèse 150 tonnes, mesure 20 mètres de long et 7 mètres de haut.

L’édifice, appelé parfois salle des audiences, en raison de sa fonction principale, accueille donc les pèlerins, lors des audiences générales du mercredi matin, lorsque les conditions climatiques n’en permettent pas le déroulement place Saint-Pierre. Durant les fortes chaleurs du mois d’août, ainsi que lors de la saison d’hiver, les pèlerins peuvent donc être au frais ou au chaud, dans la salle Paul VI, climatisée ou chauffée en fonction des besoins.

Un usage polyvalent

Depuis l’élection du pape François, les 6’000 places assises sont souvent insuffisantes pour les audiences du mercredi. Cette salle fait également office d’auditorium, grâce à ses qualités acoustiques, et accueille donc parfois des concerts. Elle reçoit aussi régulièrement certaines audiences particulières du pape, comme lors de rencontres avec des communautés ou des mouvements religieux.

Jean Paul II aimait assister à des séances cinématographiques dans cette immense salle. En 2001, elle a d’ailleurs accueilli l’avant-première mondiale du film Quo Vadis. De même, Benoît XVI appréciait y assister à des projections de longs métrages ou de documentaires, notamment à l’occasion de la béatification de Jean Paul II. Le pape François a choisi pour l’heure de ne pas assister aux concerts qui y sont organisés.

Le bâtiment abrite également une salle de taille plus réduite pour des congrès ou des rencontres en petit comité, des pièces spécialisées pour accueillir les médias, et surtout la Salle du Synode des évêques.

Energie solaire

En 2008, à l’occasion de la rénovation du toit de la salle Paul VI, le cardinal Giovanni Lajolo, alors président du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican, a décidé de couvrir les quelques milliers de mètres carrés de la toiture de panneaux solaires. Suite aux recommandations de la Commission européenne en 2007 concernant les énergies renouvelables, le Vatican entend en effet devenir le premier pays d’Europe, d’ici 2020, à utiliser 20 % d’énergies renouvelables.

L’inauguration des quelque 2’400 panneaux de cellules photovoltaïques installés sur les 5’000 m2 de toit de la salle Paul VI eut lieu le 26 novembre 2008. Benoît XVI a présidé le jour même ce que L’Osservatore Romano qualifia de «première audience générale ›écologique’ au Vatican». La structure, installée par la société allemande ›SolarWorld’, a coûté 1,2 million d’euros et devait permettre d’économiser chaque année l’équivalent de 80 tonnes de pétrole. En 2010, le Vatican annonçait avoir déjà économisé 225 tonnes de CO2.


Encadré

Série sur les lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’

On pourrait croire que le Vatican se limite à la place et à la basilique Saint-Pierre. Pourtant, avec ses 44 hectares de terrain, l’Etat de la Cité du Vatican possède tous les attributs d’un Etat à part entière. Plus petit Etat au monde – quatre fois moins que la principauté de Monaco -, il est composé de bâtiments, de cours, de petites places, de quelques rues et de jardins.

Ainsi le Vatican possède une gare, des magasins, des tribunaux, une radio, et nombre de services utiles aux quelque 900 résidents et 2800 employés, ainsi qu’au rayonnement du Saint-Siège. Des lieux qui ont tous leur histoire, souvent postérieure à la signature des Accords du Latran, en 1929, entre Benito Mussolini et le cardinal Pietro Gasparri.

Mais le territoire du Vatican s’étend également au-delà de ses 3,2 kilomètres de frontières. Il s’agit des palais extraterritoriaux, du ›Vatican-hors-les-murs’, dont le plus important est la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, ainsi que les basiliques majeures et certains bureaux de la curie.

Au fil des semaines à venir, l’agence I.MEDIA proposera de retrouver un de ces lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’ parmi lesquels la Maison Sainte-Marthe, nouveau cœur du Vatican ; le Palais du Gouvernorat, siège des services généraux, techniques et économiques ; la gare ferroviaire, devenue magasin de luxe ; la reproduction de la Grotte de Lourdes où les papes aiment à se recueillir ; le monastère Mater Ecclesiae où s’est retiré Benoît XVI (2005-2013) ou encore la Casina Pio IV, siège de l’Académie pontificale des sciences. (apic/imedia/cd/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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