La Cour constitutionnelle est une nouvelle fois sous le feu de la critique, après avoir refusé de légaliser les mariages interreligieux. Les juges ont considéré que les filles de 16 ans ou moins étaient «adultes» et «prêtes» pour le mariage. Selon l’activiste des droits humains Nursjahbani Katjasungkana, interrogé le 27 juin 2015 par l’agence d’information catholique Asia News, l’instance a créé un dangereux précédent, qui pourrait faciliter la pratique du mariage forcé, en particulier avec des adolescentes.
Pour le militant, la Cour a cédé à la pression du Conseil indonésien des oulémas (MUI), un comité «d’observation» des mœurs et de la morale dans l’archipel majoritairement musulman. Le mouvement islamiste national fait depuis longtemps campagne pour les mariages des filles de moins de 18 ans. Pour Nursjahbani Katjasungkana, la décision reflète l’influence morale exercée sur les juges par le MUI, dont les considérations sont estimées comme plus importantes que la loi commune et même que la sauvegarde de l’intégrité des jeunes gens.
De récentes études ont démontré qu’en Indonésie, 20% des mariages impliquaient des personnes entre 13 et 15 ans, en complète violation de la loi, le taux atteignant 39% pour les filles de 15 à 17 ans. Il y a quelques années, Syeh Puii, un dignitaire musulman, s’est fait connaître pour son mariage avec une fille d’à peine 12 ans, pour des raisons «humanitaires». (apic/asian/rz)
Raphaël Zbinden
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