Le Vatican méconnu: le monastère Mater Ecclesiae

Rome, 24 juin 2015 (Apic) Fondé en 1994 par Jean Paul II, le monastère Mater Ecclesiae se situe non loin de la grotte de Lourdes, sur les hauteurs du Vatican. Avant de devenir pendant deux décennies un lieu dédié à la prière pour le pape et l’Eglise, le bâtiment originel était lié à l’entretien des jardins. Aujourd’hui, il accueille le pape émérite Benoît XVI, qui a souhaité se retirer du monde et se consacrer à la prière après sa renonciation au pontificat, en 2013.

Au début du 20e siècle, un petit bâtiment appelé Casetta giardini (petite maison des jardins) se dresse au sommet de la colline du Vatican, à côté de la grotte de Lourdes et du pavillon Léon XIII. Au cours des années, il abrite successivement la Gendarmerie pontificale, le surintendant des jardins, la direction de Radio Vatican puis le personnel administratif du Saint-Siège.

Un monastère pour l’Eglise et le pape

En 1992, Jean Paul II commence des travaux afin de faire de la bâtisse un monastère «de clôture stricte et de dévouement total à la vie contemplative» destiné à la prière pour le pape. Cette décision est sûrement liée à l’attentat de 1981, auquel il dit avoir réchappé grâce à l’intercession de Notre-Dame de Fatima. Le nom du monastère trouve d’ailleurs son origine dans cette dévotion à la Vierge, Mater Ecclesiae signifiant «Mère de l’Eglise». L’inauguration de ce monastère par Jean Paul II a lieu le 13 mai 1994, le jour anniversaire de la première apparition de Notre-Dame de Fatima.

Comme stipulé dans les statuts de la fondation, le but de la communauté religieuse qui s’y installe est «de soutenir le Saint-Père dans sa sollicitude quotidienne pour toute l’Eglise». Dès 1994, le lieu est confié à un ordre différent tous les cinq ans. Successivement des clarisses, des carmélites déchaussées, des bénédictines puis des visitandines l’ont occupé. Jean Paul II souhaitant que la communauté reflète le caractère universel de l’Eglise, les sœurs viennent de tous les continents. Elles partagent leur vie entre la prière, la dévotion à Marie et le travail – entretien du potager pour apporter légumes et confitures au pape, broderie, parcheminerie, confection de vêtements liturgiques – jusqu’à ce que des travaux commencent très discrètement, fin 2012, pour l’accueil du pape émérite Benoît XVI.

Le 11 février 2013, jour de la renonciation de Benoît XVI à la charge pontificale, le Père Federico Lombardi, ›porte-parole’ du Saint-Siège, annonce l’intention du pape de se retirer à Mater Ecclesiae «pour continuer à servir l’Eglise à travers une vie dédiée à la prière et à la réflexion». Lors d’une visite au monastère en 2008, Benoît XVI avait demandé à la prieure de prier spécialement pour lui car «la croix de la papauté est parfois lourde».

Une retraite pour Benoît XVI

Après un séjour de deux mois à la résidence estivale des papes de Castel Gandolfo, Benoît XVI s’installe à Mater Ecclesiae le 2 mai 2013. Dans sa retraite monacale, le pape émérite est accompagné de son secrétaire et préfet de la Maison pontificale, Mgr Georg Gänswein, et de quatre laïques consacrées du mouvement Communion et libération, chargées de son quotidien.

Le bâtiment de forme cubique est sobre et dépouillé, aux lignes épurées. L’ensemble de 450m2 s’élève sur quatre étages dont une terrasse. Pour accueillir le pape émérite, les cellules ont été remplacées par un appartement, situé au premier étage. Une chambre a aussi été aménagée pour son frère, Mgr Georg Ratzinger, résidant habituellement en Allemagne.

A gauche du bâtiment principal se trouvent une chapelle moderne, une bibliothèque, et une salle de musique où le pape émérite joue du piano. La vue du monastère surplombant la basilique Saint-Pierre, la cité de Rome et donnant jusqu’à la chaîne des Apennins, est exceptionnelle. Jusqu’à l’automne 2012, les visiteurs pouvaient assister à la messe dans la chapelle. Aujourd’hui, le monastère est ceint par une haute haie toujours verte et un portail hermétiquement fermé, garant de la tranquillité du lieu, où l’on entend seulement le murmure des fontaines environnantes. Le petit bois situé derrière le monastère accueille souvent les promenades du pape émérite, qui se rend parfois jusqu’à la reproduction de la grotte de Lourdes.


Encadré

Série sur les lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’

On pourrait croire que le Vatican se limite à la place et à la basilique Saint-Pierre. Pourtant, avec ses 44 hectares de terrain, l’Etat de la Cité du Vatican possède tous les attributs d’un Etat à part entière. Plus petit Etat au monde – quatre fois moins que la principauté de Monaco -, il est composé de bâtiments, de cours, de petites places, de quelques rues et de jardins.

Ainsi le Vatican possède une gare, des magasins, des tribunaux, une radio, et nombre de services utiles aux quelque 900 résidents et 2800 employés, ainsi qu’au rayonnement du Saint-Siège. Des lieux qui ont tous leur histoire, souvent postérieure à la signature des Accords du Latran, en 1929, entre Benito Mussolini et le cardinal Pietro Gasparri.

Mais le territoire du Vatican s’étend également au-delà de ses 3,2 kilomètres de frontières. Il s’agit des palais extraterritoriaux, du ›Vatican-hors-les-murs’, dont le plus important est la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, ainsi que les basiliques majeures et certains bureaux de la curie.

Au fil des semaines à venir, l’agence I.MEDIA proposera de retrouver un de ces lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’ parmi lesquels la Maison Sainte-Marthe, nouveau cœur du Vatican ; le Palais du Gouvernorat, siège des services généraux, techniques et économiques ; la gare ferroviaire, devenue magasin de luxe ; la reproduction de la Grotte de Lourdes où les papes aiment à se recueillir ; le monastère Mater Ecclesiae où s’est retiré Benoît XVI (2005-2013) ou encore la Casina Pio IV, siège de l’Académie pontificale des sciences. (apic/imedia/cd/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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