«L’Eglise n’a pas la prétention de juger des questions scientifiques», prend soin de préciser le pape dans son encyclique. Pour autant, il souligne aussi qu’une science qui prétendrait offrir des solutions aux grandes questions devrait nécessairement prendre en compte tout ce qu’a produit la connaissance dans les autres domaines du savoir, y compris la philosophie et l’éthique sociale.
A ce titre, l’Eglise est légitime pour prendre la parole et «le fait que (les principes éthiques) apparaissent dans un langage religieux ne les prive pas de toute valeur dans le débat public», ajoute-t-il.
Le pape François souligne qu’il est juste de se réjouir face à ces progrès, et de s’enthousiasmer devant les apports de la science. Citant Jean Paul II, il rappelle que «la science et la technologie sont un produit merveilleux de la créativité humaine, ce don de Dieu». Il met cependant en garde contre une «technique séparée de l’éthique (qui) sera difficilement capable d’autolimiter son propre pouvoir» et qui «finit par considérer comme légitime n’importe quelle pratique».
Cette dérive incombe en particulier au paradigme technocratique que dénonce fortement le pape François. «L’intervention humaine sur la nature s’est toujours vérifiée», explique-t-il. Le pape attire pourtant l’attention sur le respect du rythme de la création: «dans la nature, ces processus ont un rythme lent qui n’est pas comparable à la rapidité qu’imposent les progrès technologiques actuels».
Le pape donne d’autres causes de cette dérive, comme le manque d’éducation, car «l’immense progrès technologique n’a pas été accompagné d’un développement de l’être humain en responsabilité, en valeurs, en conscience». Il déplore en outre le fait que les gens ne s’imaginent pas renoncer aux possibilités qu’offre la technologie, tout en ayant conscience que les avancées de la science et de la technique ne sont pas garantes d’un avenir heureux.
Constatant que le progrès ne suffit pas à donner un sens ni de la joie au cœur humain, le pape suggère finalement de redéfinir le progrès. Ainsi, explique-t-il, «un développement technologique et économique qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie intégralement supérieure ne peut pas être considéré comme un progrès». (apic/imedia/cd/rz)
Raphaël Zbinden
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