Selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS), on compte en Suisse quelque 200’000 familles monoparentales. Elles sont quatre fois plus touchées par la pauvreté que les familles de deux enfants et leurs parents. L’une des raisons principales de cette pauvreté se trouve dans le fait que les parents seuls n’arrivent pas financièrement à assurer l’existence du foyer. Malgré la révision récente de la réglementation sur l’entretien des enfants, une séparation ou un divorce engendrent des manques importants dans ce domaine. Beaucoup de parents seuls ne touchent pas une pension alimentaire leur permettant de vivre décemment.
Les prestations complémentaires pour familles seraient un bon instrument pour lutter contre la pauvreté des familles, assure Caritas Suisse dans un communiqué du 12 juin 2015. Après le refus du Parlement de les instaurer au plan fédéral, les cantons du Tessin, de Vaud, de Genève et de Soleure les ont introduites au plan cantonal. Une première évaluation confirme l’efficacité de cet instrument.
L’étude «Alleinerziehende und Armut in der Schweiz» (Familles monoparentales et pauvreté en Suisse), menée par le Centre interdisciplinaire de recherche en études de genres de l’Université de Berne, donne deux résultats centraux: elle montre à quel point les parents seuls sont prétérités, du fait de l’insuffisance de leurs ressources financières, dans différents domaines de l’existence, comme la formation, la santé ou encore les loisirs. Elle explique également comment les familles monoparentales doivent faire face beaucoup plus souvent que les autres familles à des situations stressantes. L’impossibilité, par exemple, de concilier la profession et la famille est notamment responsable du taux élevé de pauvreté que l’on constate chez les familles monoparentales.
La situation s’aggrave encore lorsque les parents seuls exercent une activité dans un segment de salaire bas où l’on attend d’eux beaucoup de flexibilité dans les horaires et des heures supplémentaires. Dans ces cas, ils dépendent de la qualité de leur réseau social et familial, faute de quoi la charge devient insupportable, avec pour conséquence épuisement, dépression et retrait social. Cette situation difficile n’est pas sans effets sur les enfants. Ces derniers ressentent l’excès de charge du parent avec qui ils vivent et sont également défavorisés à cause de l’insuffisance des ressources financières. Souvent, ils n’ont pas accès à l’encouragement précoce et ne peuvent pas s’adonner à des activités de loisirs payantes. Leurs chances de départ sont ainsi compromises.
Il est particulièrement urgent de permettre aux familles monoparentales dont le revenu est insuffisant, de pouvoir assurer leur existence. Les cantons devraient introduire les prestations complémentaires pour familles, demande Caritas Suisse. Les cantons du Tessin, de Vaud, de Genève et de Soleure qui l’ont fait soulignent tous l’efficacité de l’instrument. L’encouragement précoce des enfants touchés par la pauvreté est également un point déterminant. C’est aussi pour cela qu’il faut créer dans toute la Suisse des offres de prises en charge extrafamiliales à la fois bon marché et faciles d›accès, lance l’oeuvre d’entraide catholique. Des programmes gratuits de cours particuliers et d’aide aux devoirs dans les écoles sont également nécessaires, assure Caritas Suisse. (apic/com/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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