Si «notre tendance à ›déserter’ devant des thèmes difficiles est humaine», a affirmé le pape François, il faut au contraire répondre à l’impératif de l’accès à l’alimentation comme un droit de tous. «Au lieu d’agir, nous préférons déléguer à tous les niveaux», a-t-il regretté devant les quelque 450 participants de cette réunion, rassemblés dans la salle clémentine du Palais apostolique.
Ainsi, il ne suffit pas de «faire le point sur la nutrition dans le monde» ou de «mettre à jour des données», a également lancé le pape à ses auditeurs, il faut également «projeter une série d’engagements concrets et de recommandations à appliquer aux politiques et aux investissements».
Pour ce faire, le pape François a invité avant tout à «modifier les styles de vie». Ainsi, «la sobriété ne s’oppose pas au développement», a-t-il assuré, mais est désormais devenue sa condition. Et le pontife de suggérer à la FAO de poursuivre sa propre décentralisation pour être au milieu du monde rural» et comprendre les besoins des gens que l’organisation est appelée à servir.
«Nous devons commencer par notre quotidien si nous voulons changer de style de vie, a encouragé le pape, conscients que nos petits gestes peuvent garantir la durabilité et l’avenir de la famille humaine». Enfin, au lieu de «nous laisser impressionner face aux données» – selon la FAO, d’ici 2050, avec 9 milliards d’habitants sur la planète, la production alimentaire devra doubler -, le pape invite à modifier «notre rapport avec les ressources naturelles, l’utilisation des terrains, la consommation», et à éliminer le gaspillage.
Le pape a ainsi plaidé pour une éducation des personnes à une alimentation correcte, pointant du doigt la surconsommation et le gaspillage au Nord, et la dépendance vis-à-vis des gros producteurs et des aides extérieures au Sud. Le chef de l’Eglise catholique a aussi dénoncé la spéculation financière sur des denrées comme le blé, le riz, le maïs ou le soja. Il a en outre relevé le problème de l’accaparement des terres cultivables de la part d’entreprises transnationales et d’Etats, qui non seulement privent les agriculteurs d’un bien essentiel, mais attaquent directement la souveraineté des pays.
«Travaillons pour harmoniser les différences, unissons les efforts, a alors lancé le pape François, comme cela nous ne lirons plus que la sécurité alimentaire signifie éliminer les graisses pour le Nord (…) et se procurer au moins un repas par jour pour le Sud». (apic/imedia/bl/rz)
Raphaël Zbinden
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