Depuis le palais présidentiel de Sarajevo, le pape a appelé la Bosnie-Herzégovine et l’ensemble de la communauté internationale à s’opposer à la «barbarie» et aux «violences toujours plus féroces» en s’inspirant des «valeurs fondamentales» de l’humanité pour «construire» et «pardonner». «Pour nous opposer avec succès à la barbarie qui voudrait faire de toute différence l’occasion et le prétexte de violences toujours plus féroces», a ainsi affirmé le pape François devant la présidence tripartite de cet Etat affaibli par de vives tensions communautaires. Il faut «reconnaître les valeurs fondamentales de la commune humanité» a t-il ajouté. Ainsi, a continué le pape, il est possible de «construire et dialoguer, de pardonner et grandir», afin de «former un chant noble et harmonieux, au lieu de hurlements fanatiques de haine».
Le pape a notamment appelé l’Union européenne (UE) à collaborer à ce processus de dialogue. Alors que la Bosnie-Herzégovine est candidate à l’entrée dans l’UE depuis 2003, il a assuré qu’elle était «partie intégrante de l’Europe». «Ses succès et ses drames s’insèrent de plein droit dans l’histoire des succès et des drames européens», a-t-il ajouté. Cette histoire constituait «un sérieux avertissement à réaliser des efforts pour que les processus de paix engagés deviennent (…) irréversibles» a affirmé le pontife. S’adressant aussi à «la communauté internationale», il a en outre indiqué que l’enjeu de la paix entre Croates , Serbes et Bosniaques, ainsi qu’entre «musulmans, juifs et chrétiens», allait «bien au-delà de ses frontières».
Dans ce pays où les catholiques, en majorité croates, sont une petite minorité de quelque 440 000 fidèles, le chef de l’Eglise catholique a plaidé pour «l’égalité effective de tous les citoyens devant la loi (…) quelle que soit leur appartenance ethnique, religieuse et géographique». Le pape a en outre appelé les responsables politiques à sauvegarder «les droits fondamentaux de la personne humaine» et notamment «celui de la liberté religieuse» et improvisé quelque mots pour inviter à faire «le pari» sur «l’espérance» que représente la coexistence entre les religions. Dans le pays, les catholiques représentent à peine plus de 11 % de la population. Les autorités ecclésiastiques locales critiquent le fait qu’ils ne jouissent pas des mêmes droits que leurs concitoyens.
Avant l’intervention du pape, le président tournant, le Serbe Mladen Ivanic, avait fait part du souhait des autorités bosniaques de «construire une société à mesure d’homme et de toutes les religions», reconnaissant aussi que «la pleine égalité de tous les citoyens» n’est pas encore effective. Il avait également demandé au pape François son «appui sincère et entier» pour l’entrée du pays dans l’Union européenne.
Un peu avant de prononcer ce discours, le pape François avait reçu les honneurs militaires devant le Palais présidentiel, au cœur de Sarajevo, et avait été accueilli par la présidence tripartite de Bosnie-Herzégovine. Après s’être exprimé devant les trois chefs de gouvernement, les autorités civiles et le corps diplomatique, le pape a libéré des colombes, en lien avec le thème de son voyage : «la paix soit avec vous». Lors de cette visite de moins d’une douzaine d’heures à Sarajevo, le pontife a ensuite célébré la messe au stade olympique avant de rencontrer les responsables de différentes religions, le clergé catholique et des jeunes. (apic/imedia/bh)
Discours intégral du pape: http://www.vis.va/vissolr/index.php?vi=all&dl=c9a96854-945a-01cb-5aa4-5572cf3ce752&dl_t=text/xml&dl_a=y&ul=1&ev=1
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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