Dans un communiqué publié le 29 mai, Alliance Sud (*) rappelle que depuis des années, les ONG dénoncent les graves violations des droits humains et du travail sur les chantiers des stades des coupes du monde de football.
«Ces événements et la corruption, largement discutée maintenant, des plus hauts responsables de la FIFA, sont les symptômes d’un développement déviant et les deux faces de la même médaille», souligne Alliance Sud. La Communauté de travail des œuvres d’entraide dénonce en particulier «ce qui reste des coupes du monde en Afrique du Sud et au Brésil: des milliards de gains pour la FIFA et des dettes record pour les pays organisateurs».
L’ONG Solidar Suisse (l’ancienne Œuvre Suisse d’entraide ouvrière OSEO), qui collabore avec Alliance Sud, exhorte la FIFA à introduire un «code de durabilité» pour garantir à l’avenir «des coupes du monde équitables du point de vue social». Elle s’engage depuis des années déjà pour des coupes du monde plus durables et justes sur le plan social. Ce code contient surtout une augmentation des exigences dans les candidatures, la définition de critères transparents et socialement stricts pour l’attribution des coupes du monde et l’introduction de mécanismes sévères de contrôle et de sanction. C’est l’un des domaines où de hauts fonctionnaires de la FIFa sont accusés de corruption.
Dénonçant «les abus» de la FIFA, Alliance Sud relève que des «violations criantes des droits humains et du travail à l’occasion des coupes du monde en font partie, tout comme l’opacité notoire des flux financiers et des questions fiscales». «Ce n’est pas un hasard si la FIFA a son siège en Suisse», insiste la Communauté de travail des œuvres d’entraide.
Alliance Sud regrette que la corruption des personnes privées ne soit toujours pas considérée comme délit officiel en Suisse, «ce qui est aussi attractif pour la FIFA». La proposition du Conseil fédéral de déclarer la corruption privée comme un délit poursuivi d’office se heurte à l’opposition politique de certains milieux. Encore en avril, note la Communauté de travail, la Commission des affaires juridiques du Conseil des Etats a proposé de poursuivre d’office la corruption des personnes privées «seulement dans les cas les plus graves» – sans préciser ce qu’on entend par «cas les plus graves».
En plus, l’opacité des flux financiers internationaux rend très difficile de retracer les cas de corruption. L’échange automatique d’informations relatif aux comptes bancaires pourrait aider. Alliance Sud s’engage pour que la Suisse l’offre, non seulement aux riches pays industrialisés, mais aussi aux pays en développement. Ce sont ces derniers pays qui souffrent le plus des conséquences de la corruption et du manque de transparence.
(*) Mandatée par les œuvres suisses d’entraide Swissaid, Action de carême, Pain pour le prochain, Helvetas, Caritas et Entraide protestante/Eper, la Communauté de travail Alliance Sud milite pour influencer la politique de la Suisse en faveur des pays pauvres. (apic/com/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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