«C’est très malheureux. On confond là les domaines de la culture, de l’art, de la religion et de la foi. Cette confusion est dommageable». Le propos de l’abbé Philippe Matthey résume bien le sentiment des personnes jointes par téléphone, à propos de la suppression de l’opéra biblique L’Arche de Noé. Une œuvre écrite en 1957 par le compositeur anglais Benjamin Britten que devaient chanter les enfants des écoles genevoises avec l’orchestre de Chambre de Genève (OCG). «En aucun cas, ajoute-t-il, la laïcité ne peut consister en un bannissement de tout ce qui peut s’apparenter au religieux».
Selon Michel Kocher, directeur de Médias-Pro, le département d’information de la Conférence des Eglises Réformées Romandes, «La décision du DIP marque une tolérance 0 envers toute forme d’expression de racines religieuses. Elle est excessive et contre-productive». «La laïcité est la bonne compréhension dans la société de la diversité de penser, de croire ou de ne pas croire», plaide de son côté l’abbé Philippe Matthey. Il déplore avec cette décision «une fausse compréhension de la laïcité que de penser que la seule solution est de s’opposer au religieux».
Michel Kocher regrette qu'»au lieu de permettre aux enfants de se confronter aux sources d’inspirations variées que l’on trouve dans le théâtre et la musique, cette décision consolide une forme d’autisme aux dimensions religieuses de la culture». «Ce n’est pas très sérieux ! On n’ose plus prononcer le nom de Dieu ! Veut-on être chimiquement pur ?» s’interroge Mgr Pierre Farine. «C’est tout simplement malheureux et cela discrédite le Département de l’Instruction Publique» déplore l’évêque. «Je ne vois pas où est le danger pour ces enfants à chanter ce spectacle. Il n’y a là aucune offense à la laïcité» ajoute-t-il. Michel Kocher conclut: «A l’heure où l’Etat découvre les dangers des radicalisations religieuses islamistes, il éradique des lieux légitimes de confrontation et de discussion autour des sources de notre civilisation». (apic/bh)
Bernard Hallet
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