L’affaire a débuté le 21 avril dernier. Une enfant de 10 ans est accompagnée par sa mère à l’hôpital pour des maux de ventre et un abdomen au volume important. Les médecins ont d’abord pensé à une tumeur. Mais une échographie a révélé que la petite fille était enceinte de 22 semaines. Et lorsque la mère a demandé l’avortement, les médecins craignant des risques de complications, s’y sont refusés.
Rapidement, les soupçons d’abus sexuels se sont portés sur le beau-père de l’enfant qui a été arrêté et placé en détention préventive. La mère, elle aussi, a été incarcérée, accusée de complicité d’abus sexuels sur mineur de moins de 15 ans. Malgré les demandes de la fillette d’avoir sa mère à ses côtés, le juge Miguel Tadeo Fernández, en charge du dossier, a refusé sa libération, même provisoire.
En attendant, le pays est ébranlé par cette affaire. Pas une journée ne se passe sans que les principaux quotidiens du pays comme «La Nacion» et «Ultima Hora» n’évoquent le sujet. Il y a quelques jours, le ministre de la Santé, Antonio Barros, a pour sa part déclaré que la fillette, qui se trouve dans un hôpital, est en bonne santé et que sa grossesse est trop avancée pour envisager un avortement.
De son côté, la société civile se mobilise, à l’image d’Amnesty International qui a lancé sur Twitter une campagne en faveur de son avortement, sous le mot-clé #NiñaEnPeligro (fillette en danger). De son côté, l’organisation internationale AVAAZ, a lancé le 18 mai une pétition destinée initialement à récolter 300’000 signatures pour solliciter la réforme du code pénal paraguayen et permettre ainsi l’interruption volontaire de grossesse pour les mineures de moins de 15 ans. A ce jour, elle a été signée par près de 600’000 internautes.
Elle aura cependant fort à faire face à une Eglise catholique campée sur ses positions. Ainsi, Mgr Claudio Gimenez, évêque de Caacupé et président de la Conférence épiscopale du Paraguay a rappelé l’opposition de l’Eglise catholique à ce sujet. Le journal «La Nacion» rapporte notamment que le prélat, lors d’une homélie, aurait lancé aux fidèles: «Légaliser la mort d’un enfant, est-ce cela l’amour des uns pour les autres ?», tout en admettant que le pays était «divisé en deux». En espérant qu’il se ressoude lors de la visite du Saint-Père. (apic/jcg/rz)
Raphaël Zbinden
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