Mahmoud Abbas, «ange de la paix» ou pas ?

Depuis samedi dernier, la polémique enfle. Le pape François a-t-il vraiment assuré au président palestinien Mahmoud Abbas qu’il était «un ange de la paix» ? Comme on pouvait l’imaginer, cette petite phrase rapportée par la presse après la rencontre entre les deux hommes au Vatican, a irrité en Israël. Quelques explications des coulisses de cette affaire semblent nécessaires.

Que s’est-il passé ? Comme à chaque fois lors de ce type de rencontres, deux journalistes accrédités au Bureau de presse du Saint-Siège ont assisté à la poignée de main échangée entre le pape et Mahmoud Abbas, à la seconde loge du Palais apostolique, puis à l’échange de cadeaux entre les deux hommes, à la veille de la messe de canonisation de deux religieuses palestiniennes. C’est lors de cet échange de dons que le pape François, comme il le fait bien souvent, a remis au président palestinien une grande médaille représentant l’ange de la paix. Selon ce qu’ont entendu et ensuite rapporté nos deux (sérieux) collègues ayant assisté à cet échange, le pape a alors confié en italien à Mahmoud Abbas que cette médaille représentait «l’ange de la paix qui détruit l’esprit mauvais de la guerre», avant d’ajouter : «J’ai pensé à vous, car vous êtes un ange de la paix».

Au Bureau de presse du Saint-Siège, les quelques journalistes présents lors du compte-rendu (dont votre serviteur) ont demandé à plusieurs reprises aux deux collègues s’ils étaient bien sûrs de ce qu’ils avaient entendu. Nous avons alors ainsi rapporté les propos du pape. Logiquement, tout devait s’arrêter là.

Plus sceptiques, certains collègues (dont certains n’ont pas participé à ce compte-rendu) ont préféré rapporter ainsi les propos du pape : «J’ai pensé à vous, pour que vous puissiez être un ange de la paix». Le doute était semé.

Il n’en a pas fallu plus, en toute logique, pour qu’enfle la polémique. Les médias ont été montrés du doigt, accusés d’avoir modifié et instrumentalisé le pape. La signature d’un accord entre le Vatican et «l’Etat de Palestine» trois jours plus tôt, et les images d’une place Saint-Pierre où flottaient d’innombrables drapeaux palestiniens le lendemain, n’ont rien arrangé.

Le directeur du Bureau de presse, le lendemain, a assuré à ceux qui l’interpellaient que le pape avait voulu encourager les efforts de Mahmoud Abbas pour la paix, lui demandant d’agir à la manière de l’ange de la paix gravé sur le médaillon. «Le sens de l’encouragement me semble clair», a insisté le Père Federico Lombardi pour calmer le jeu. «J’étais présent à l’audience, a tout de même précisé le ›porte-parole’ du Vatican, mais je n’ai pas entendu les paroles exactes du pape, parce qu’elles étaient prononcées de manière familière et rapprochée».

Beaucoup de bruit pour rien… En effet, il ressort désormais avec certitude des images enregistrées par le Centre de télévision du Vatican que le pape a affirmé : «J’ai pensé à vous, car vous êtes un peu un ange de la paix». Ce n’est donc pas un souhait, mais un constat, malgré tout «un peu» moins radical.

Une polémique de trop, en somme. D’autant qu’à Bethléem, le 25 mai 2014, le pape Français avait publiquement affirmé à Mahmoud Abbas : «Monsieur le Président, vous êtes connu comme un homme de paix et un artisan de paix». Et le lendemain, devant Shimon Peres, il affirmait aussi : «Monsieur le Président, vous êtes connu comme un homme de paix et un artisan de paix».

Fin de la polémique ?

Maurice Page

Portail catholique suisse

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