L’article explosif, dont les allégations ont été immédiatement démenties par Horacio Verbitsky, a été publié sur le blog www.plazademayo.com, sous le titre «Verbitsky: Con Dios y Con el Diablo» (Verbitsky: avec Dieu et avec le diable). Les deux journalistes, Gabriel Levinas et Sergio Serrichio, ont passé plus de 14 mois à enquêter sur le personnage, rapporte le site internet spécialisé «Vatican Insider». Le texte donne un aperçu d’une «biographie non-autorisée» d’Horacio Verbitsky, à paraître prochainement. Les reporters mettent en avant les importantes preuves documentaires découvertes et les témoignages des personnes au courant de ce qui se passait. Des photos des documents compromettants sont visibles sur le site.
L’article produit des preuves qu’Horacio Verbitsky, ancien membre du groupe de guérilla d’extrême gauche des «Monteneros», a écrit certains discours du brigadier Omar Domingo Rubens Graffigna, commandant en chef de l’armée de l’air et ponte de la junte militaire. Les journalistes affirment qu’Horacio Verbitsky, avec le commodore Juan Jose Guiraldes et un autre collaborateur nommé Pedrerol, ont écrit les discours, souvent extrêmement brutaux, des commandants en chef des forces armées durant la dictature.
«Nous avons gagné avec des armes. Nous montrons ainsi que nos âmes ne sont pas contaminées par la peste que nous avons dû nettoyer», avait notamment écrit Horacio Verbitsky pour Omar Graffigna, en janvier 1979.
Juan Guiraldes, décédé en 2003, aurait offert une protection à Horacio Verbitsky suite au coup d’Etat militaire du 24 mars 1976.
Fin avril 2014, l’un des fils de Juan Guiraldes aurait trouvé des documents écrits de la main d’Horacio Verbitsky (dont l’authenticité a été confirmée par un graphologue) prouvant qu’il avait écrit des discours d’Omar Graffigna. Selon des registres de l’Institut argentin de l’histoire de l’aviation Jorge Newbery, Horacio Verbitsky avait en outre signé, en 1978, un contrat de six mois avec les forces armées, pour un montant mensuel de 700’000 pesos (40’000 pesos actuels, env. 4’200 francs suisses). Les journalistes ont également démontré qu’il avait collaboré à l’écriture d’un livre pour le compte d’un institut militaire, publié en 1979. Les documents démontrent que sa collaboration avec l’armée a duré de 1978 à 1982. Les auteurs de l’article notent qu’Horacio Verbitsky a mis fin à sa coopération avec la dictature immédiatement après la défaite de l’Argentine lors de la guerre des Malouines, en 1982. Suite à cela, il a fait des apparitions publiques en tant que journaliste et, dans les années 1990, est devenu un dénonciateur implacable des violations des droits de l’homme commises durant les années de dictature. Le Centre d’études légales et sociales (CELS), l’ONG dont Horacio Verbitsky est le directeur, a émis un communiqué qualifiant les accusations de mensonges, destinés à «délégitimer, à travers la figure de son directeur, son travail réalisé depuis 1979 dans la recherche de mémoire, de vérité et de justice pour les crimes commis dans le cadre du terrorisme d’Etat». Horacio Verbitsky prétend notamment que ce n’est pas son écriture qui figure sur les manuscrits des discours.
En 2003, Horacio Verbitsky a publié le livre «El Silencio», sur le prétendu silence de l’Eglise catholique durant le règne des militaires. Dans l’ouvrage, il accusait notamment Jorge Mario Bergoglio, l’actuel pape François, de complicité avec la junte, alors qu’il était provincial des jésuites d’Argentine. Il alléguait en particulier qu’en retirant la protection de l’ordre à deux confrères jésuites, Orlando Yorio et Francisco Jalics, Jorge Bergoglio avait rendu possible leur enlèvement par des officiers de la marine, en 1976. Les deux hommes avaient été torturés en captivité. Mgr Bergoglio, archevêque de Buenos Aires au moment où l’accusation est sortie, avait immédiatement nié ces allégations. Il est connu aujourd’hui que l’actuel pape s’était fortement impliqué pour tenter d’obtenir leur libération. Horacio Verbitsky avait ressorti ses accusations après l’élection au trône de Pierre de Mgr Bergoglio, le 13 mars 2013. Mais, cette fois, le militant argentin des droits humains et Prix Nobel de la paix Adolfo Perez Esquivel avait pris la défense du nouveau pontife. Peu après l’élection, Martin Edwin Andersen, un journaliste américain et ancien ami d’Horacio Verbitsky, avait également révélé dans un article sa fonction de «nègre» pour Omar Graffigna, l’un des principaux apologistes du régime.
Depuis près d’une décennie, Horacio Verbitsky a été très proche des gouvernements de Nestor Kirchner et de sa femme Cristina Fernandez. Horacio Verbitsky, outre sa fonction de directeur d’ONG, écrit pour «Pagina 12», un journal de gauche argentin, considéré comme un «porte-parole» du gouvernement actuel. (apic/vi/ag/rz)
Raphaël Zbinden
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