E-Changer, qui fait partie de l’Alliance suisse pour une coopération solidaire «COMUNDO» (*), lance jeudi 21 mai sa campagne d’information «Colombie: une coopération solidaire pour la construction de la paix». Elle organise une douzaine d’activités publiques dans 11 villes de 8 cantons (Fribourg, Genève, Vaud, Valais, Jura, Berne, Tessin et Lucerne), ainsi que des rencontres avec des parlementaires, des paroisses, des collèges et diverses associations.
La sociologue colombienne Angela Ospina – active dans la défense des droits humains, partenaire d’E-CHANGER/COMUNDO et directrice du Centre d’accompagnement psychosocial (CAPS) à Bogota, sera la principale invitée. Elle partagera son témoignage et son analyse avec Samuel et Lauranne Bouille, coopérant-e-s d’E-Changer, qui ont travaillé durant trois ans pour accompagner les victimes du conflit en Colombie.
Des personnalités connues liées à la Colombie – comme le professeur Jean-Pierre Gontard, ancien médiateur suisse en Colombie, et le journaliste et écrivain français Maurice Lemoine, ancien rédacteur en chef du mensuel «Le Monde diplomatique» – animeront quelques-uns des débats.
Après 50 ans de guerre interne avec un nombre incalculable de victimes, 2015 pourrait être une année décisive pour les résultats du processus de paix en cours depuis 2012, estime E-Changer. De nombreuses ONG suisses et la coopération officielle soutiennent des projets pour renforcer la recherche de la paix.
Une vingtaine d’ONG actives dans la coopération et la défense des droits humains, des fédérations cantonales et des associations de solidarité participent à cette initiative.
Durant ces 12 jours, E-CHANGER/COMUNDO recueillera également des signatures en faveur de l’initiative populaire «Pour des multinationales responsables».
Encadré
Pour la sociologue Angela Ospina, la guerre en Colombie est un conflit sociopolitique dont les causes sont structurelles. Le conflit a sévèrement touché l’ensemble du pays et les victimes se comptent par millions, «car derrière chaque victime, il y a un être humain, une famille, une
communauté qui souffrent». Il s’agit d’une véritable guerre qui a directement touché la population civile, avec 50 années de violences, d’accaparement des terres, d’assassinats collectifs et massifs, d’élimination des mouvements d’opposition.
La société civile colombienne et les victimes de la guerre ont toujours été en faveur d’une résolution pacifique du conflit. Sans aucun doute, le dialogue de paix en cours à La Havane suscite l’espoir, déclare-t-elle dans une interview accordée à Sergio Ferrari et Pauline Garcia, d’E-Changer.
«Mais les victimes souhaitent aussi que cette paix s’accompagne de la vérité. L’apaisement de leurs souffrances et de leur état émotionnel ne peut se faire sans la vérité», insiste-t-elle. Quand les victimes auront des réponses claires sur ce qui s’est passé, sur qui sont les responsables et pourquoi, le processus de réconciliation pourra alors commencer.
«Il ne s’agit pas forcément de pardonner, mais de réconcilier un pays qui a vécu 50 années d’agression, de violation des droits humains, de concentration de la richesse. Les victimes souhaitent une paix qui aille de pair avec la justice sociale (…) Jusqu’à présent, la population n’est pas vraiment confiante, car dans l’état actuel des choses, sans respect des droits humains et avec un Etat qui continue à agresser les communautés, les leaders sociaux, la population elle-même, on peut se poser de sérieuses questions: où est la paix ? De quelle paix parle-t-on ?»
«Si on ne change pas ce modèle économique qui ne produit que de la pauvreté (la Colombie est un des pays les plus inégalitaires en Amérique latine), s’il n’y a pas un minimum de réformes structurelles, si le pays continue d’encourager une politique de développement basée sur l’exploitation des ressources minières, le discours de paix perd tout son sens. Cependant, cela ne veut pas dire que la population colombienne, les victimes en particulier, ne souhaitent pas la paix, notamment dans les territoires et les régions meurtris par la guerre au quotidien». JB
(*) Depuis le 1er janvier 2013, l’ONG basée à Fribourg E-Changer fait partie de l’Alliance suisse pour une coopération solidaire COMUNDO, qui regroupe en Suisse alémanique la Mission Bethléem Immensee (MBI) à Immensee, dans le canton de Schwyz, et Inter-Agire, une ONG active en Suisse italienne. Cette alliance a pour but de renforcer la coopération suisse au développement. L’Alliance COMUNDO est spécialisée dans la coopération suisse par l’échange de personnes entre le Nord et le Sud. Elle est la plus importante organisation dans ce secteur de la coopération, avec plus d’une centaine de «coopér-acteurs/actrices» engagés dans 11 pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie. E-Changer travaille depuis 55 ans en Amérique du Sud et en Afrique, en partenariat étroit avec des organisations et mouvements sociaux. (apic/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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