Turquie: Réouverture du séminaire de Chalki contre mosquée en Grèce

Ankara, 9 mai 2015 (Apic) Le président turc Recep Tayyip Erdogan a conditionné la réouverture du séminaire grec-orthodoxe de Chalki, à Istanbul, à l’ouverture d’une mosquée à Thessalonique, au nord de la Grèce.

L’annonce vient du rédacteur en chef d’une revue historique turque qui a discuté du sujet avec le chef d’Etat, rapporte le 9 mai 2015 le quotidien national «Hürriyet». Recep Erdogan se serait déclaré prêt à rouvrir rapidement le séminaire, mais a indiqué que la Grèce n’avait pas l’intention d’accepter l’ouverture d’une mosquée. La minorité grecque de Turquie attend depuis longtemps la réouverture de l’école située sur l’île des Princes, en face d’Istanbul, fermée sur décision de la Cour suprême en 1971. Metin Külünk, un membre important du Parti islamo-conservateur AKP du président Erdogan a cependant indiqué que la réouverture n’était pas conditionnée à l’établissement d’une mosquée à Thessalonique, mais à la réouverture de la mosquée Fetiyeh, à Athènes.

Entrave à la communauté chrétienne

La fermeture de Chalki a fortement entravé le renouvellement du clergé orthodoxe grec de Turquie, indiquait en 2013 l’agence d’information catholique allemande KNA. Cette situation met en danger la pérennité du patriarcat œcuménique de Constantinople et de la communauté chrétienne locale puisque seuls des citoyens turcs ont le droit d’accéder aux charges ecclésiastiques. Le patriarcat a donc dû former tous ses prêtres à l’étranger.

Victime de la crise chypriote

L’Institut patriarcal de théologie de Chalki a été fondé en 1844 par le patriarche oecuménique Germanos IV. Il a été reconstruit à deux reprises au cours du XIXe siècle, suite à un incendie et à un tremblement de terre. A chaque fois, les Ottomans en autorisèrent la réfection. La tâche de l’Institut est de former les théologiens, les prêtres et les évêques dont a besoin le Patriarcat oecuménique de Constantinople. Entre 1844 et 1971, Chalki a formé 930 diplômés en théologie. L’Institut a également accueilli des orthodoxes d’autres pays, ainsi que des étudiants catholiques et protestants en post-licence. En 1964, dans le contexte de la crise chypriote, les autorités turques en ont interdit l’accès aux étrangers, avant de le fermer totalement en 1971. (apic/hürr/kna/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/turquie-reouverture-du-seminaire-de-chalki-contre-mosquee-en-grece/