Le Saint-Siège dément un 4e secret de Fatima

Rome, 9 mai 2015 (Apic) «Il n’y a pas de quatrième secret de Fatima», a assuré le 8 mai 2015 le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour la cause des saints. Des spéculations ont surgi ces dernières années sur le fait que le Vatican dissimulerait une partie des révélations adressées en 1917 par la Vierge Marie à trois petits bergers, à Fatima, au Portugal.

Le prélat italien a assuré, dans une interview au quotidien du Vatican «L’Osservatore romano» à propos du martyre et des persécutions antichrétiennes, de la transparence du Saint-Siège en la matière. «Il n’y a aucun secret dissimulé (…) mais le message (de Fatima, ndr.) reste pertinent», a souligné l’ancien secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF). Le cardinal a donné sa propre interprétation du message révélé au monde en juin 2000, sur injonction de Jean Paul II, suite à la béatification des deux bergers Francisco et Jacinta Marto, à Fatima, rapporte le site internet «Vatican Insider». «Le message est en trois parties», a affirmé Mgr Amato au quotidien. «Je peux vous dire tout de suite qu’il n’y a pas de quatrième secret, ni d’autres secrets dissimulés. Les deux premières parties ont été écrites en 1941 par Sœur Lucia, l’un des trois témoins de Fatima (avec quelques ajouts en 1951). Ces parties ont été publiées et sont connues. De quoi parlent-elles? Ces premières parties décrivent une vision de l’enfer, comme d’une grande mer souterraine, qui engloutit des démons et des âmes en lamentation hurlant de douleur et de désespoir, terrifiant les gens et les faisant trembler de peur. La vision est accompagnée des mots de la Vierge Marie, qui encourage la dévotion à son cœur immaculé afin de sauver les âmes des pécheurs.»

Rumeurs de dissimulation

Les mots du cardinal Amato renvoient aux déclarations du cardinal Tarcisio Bertone, en 2000, lorsqu’il était secrétaire de la CDF. Il avait été envoyé par Jean Paul II et le cardinal Ratzinger vers Sœur Lucie dos Santos pour discuter de l’interprétation du troisième secret, avant sa publication. Des détails concernant l’histoire de l’enveloppe contenant le texte – gardée tout d’abord par l’évêque de Leiria avant de rejoindre Rome en 1957 -, ainsi que des incohérences, ont amené certains à penser qu’il existait une partie non révélée. Les incohérences concernaient par exemple le fait que la vision du martyre des chrétiens et du pape était décrite, mais pas les mots expliquant l’apparition, comme c’était le cas dans les autres parties de ce secret. Des rumeurs considéraient qu’il existait deux textes: l’un gardé dans les archives du Vatican et l’autre dans les appartements pontificaux depuis l’époque de Pie XII.

Persécutions passées et actuelles

Dans l’interview, Mgr Amato explique que lorsqu’il était secrétaire de la CDF, il a eu le privilège d’avoir en mains les manuscrits originaux des secrets de Fatima et leur message. «J’ai longtemps médité sur ces écrits, parce qu’ils jettent une lumière de foi et d’espérance sur les événements extrêmement tristes du siècle passé et pas seulement. Comme on se souvient, le 20e siècle, qui était censé être une ère dans laquelle aurait prévalu la raison et la fraternité entre les peuples, a en réalité été une période tragique pour le christianisme, qui a subi persécutions et oppressions dans de nombreux endroits du monde. Outre les deux guerres mondiales, les étapes les plus tragiques de cette Via Crucis évangélique ont été le génocide arménien, la répression mexicaine, la persécution en Espagne, les massacres commis par les nazis et par les communistes, et dans la première phase du troisième millénaire, la persécution de la part des extrémistes musulmans. Des millions de personnes ont été victimes d’idéologies pernicieuses qui ont généré et génèrent encore des conflits, de la haine et de la division», affirme le prélat italien.

Une Eglise de martyrs

«L’Eglise d’aujourd’hui, poursuit Mgr Amato, est une Eglise de martyrs, de chrétiens innocents qui sont tués de manière quotidienne, simplement à cause de leur foi inébranlable dans notre Seigneur Jésus-Christ. Le message visionnaire de Fatima évoque cette tragédie, exposant des faits historiques concrets, qui voient la bienveillante providence de Dieu confrontée à la pernicieuse volonté du mal, qui habite les ennemis du bien, qui a osé tenter Jésus et continue de tenter la sainte Eglise de Jésus aujourd’hui, et qui instille des sentiments d’animosité et de mort dans les cœurs des hommes. Avec son fameux secret, Fatima est indubitablement l’apparition contemporaine la plus prophétique, faisant des allusions concrètes aux guerres, aux divisions et aux tragédies».

Une prophétie accomplie?

La vision décrite dans le troisième secret inclut un «évêque vêtu de blanc», qui est tué après avoir gravi une montagne parsemée des corps des martyrs. Jean Paul II a affirmé se reconnaître dans la vision, en rapport à l’attentat qui a failli lui coûter la vie, le 13 mai 1981, le jour même de la fête traditionnelle de Fatima. Quand le secret fut révélé, en 2000, toutes les interprétations semblaient tendre vers des événements s’étant déjà produits. Mais, durant sa visite au sanctuaire de Notre-Dame de Fatima, en mai 2010, Benoît XVI avait déclaré: «Nous nous trompons si nous pensons que la mission prophétique de Fatima est accomplie». (apic/va/rz)

Raphaël Zbinden

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