Elles ont été kidnappées, vendues comme esclaves sexuelles et violées pendant des mois par les djihadistes, rapporte le 29 avril 2015 le journal turc. Des centaines d’entre elles sont parvenues à s’échapper et à rejoindre le Kurdistan irakien. Certaines se sont évadées toutes seules, d’autres ont été libérées grâce à des rançons payées par leurs familles.
Dalia est une étudiante du village de Herdan, sur le mont Sindjar, au nord de l’Irak. Elle avait 19 ans lorsqu’elle a réussi à s’extirper des griffes de l’EI, le 4 avril dernier.
«Hürriyet» note qu’elle arrive à peine à parler pour décrire son calvaire. Elle a été exploitée, violée et torturée pendant neuf mois en captivité. Elle a été vendue et achetée sept fois par divers militants.
Dalia explique que son village a été attaqué par l’EI le trois août 2014. «Ils nous ont réunis sur la place principale. ‘Si vous ne vous convertissez pas, vous mourrez’ ont-ils dit. Nous avions tellement peur que nous avons accepté de nous convertir. Mais, même après cela, ils ont emmené tous les hommes du village et nous n’avons plus jamais entendu parler d’eux», indique la jeune fille.
Les djihadistes ont ensuite séparé les jeunes femmes des vieilles. Ils ont amené les jeunes femmes et les enfants à Tel Afar, au nord de l’Irak, dans ce qui ressemblait à un marché à esclave. Les combattants de l’EI, dont des Turcs, des Allemands et des Tchétchènes venaient chaque jour pour acheter l’une des filles, explique la yazidie. Des jeunes filles de 12 ou 13 ans étaient présentes.
Dalia a été achetée par un militant turkmène qui l’a amenée chez lui, à Tel Afar, où vivait déjà sa femme et ses trois enfants. Après 5 mois, elle a été offerte à un Tchétchène nommé Aymen. «Avant de me violer, il m’a tirée par les cheveux et m’a mis la tête dans un baril de pétrole. ‘Tu es si sale, voilà comment nous te nettoyons’, m’a-t-il dit.» Le combattant l’a ensuite enfermée chez lui et violée pendant trois jours.
Dalia a une fois été échangée avec l’esclave sexuelle d’un autre combattant, qui a fini par acheter la jeune yazidie. Elle a ensuite été plusieurs fois revendue. Finalement, elle a été achetée par un arabe de Kirkouk, qui lui a annoncé qu’il l’avait acquise non pour la violer, mais pour la libérer au Kurdistan. L’homme l’a emmenée dans la province pour la remettre à la police. Là, elle a réussi à retrouver son père.
Leïla, 20 ans, a été capturée dans un raid de l’EI sur le village de Kotcho, également sur le mont Sindjar, le 15 août dernier. Son histoire ressemble beaucoup à celle de Dalia. Les militants ont également trié les femmes et probablement tué les hommes, avant d’emmener les filles et les enfants dans des écoles converties en marchés aux esclaves.
Après avoir été plusieurs fois vendue, et régulièrement violée, elle a atterri finalement à Raqqa, le fief de l’EI. Là, elle est parvenue à téléphoner à un ami de son oncle habitant la ville, qui l’a aidée à s’évader en Turquie.
Selma, 26 ans, a eu un parcours encore plus effroyable que les deux autres filles, puisqu’elle a dû accoucher en captivité. Sa fille, âgée maintenant de 6 mois, est née à Raqqa, dans la maison de l’homme qui l’avait achetée, avec son fils de quatre ans. Elle est parvenue à téléphoner à son mari qui a payé une rançon de 20’000 dollars pour la libérer.
Mais les yazidies sexuellement exploitées sont souvent encore plus jeunes. «Hüriyyet» raconte ainsi l’histoire de Bahar, âgée de seulement 15 ans, qui a été retenue dans la maison d’un militant saoudien de l’EI, avec ses cousines de 24 et 19 ans. L’homme les battaient et les violaient presque quotidiennement. Il les a forcées à se convertir à l’islam, mais cela n’a pas changé son comportement. Il continuait de proclamer: «les yazidis sont des infidèles. Vous êtes notre propriété!»
Le djihadiste, qui gardait chez lui encore une autre fille yazidie, est parti un jour se battre à Kobane, au nord-ouest de la Syrie, laissant ses esclaves chez un autre membre de l’EI. L’oncle de l’autre fille a réussi à les faire libérer par le biais d’une connaissance à Raqa.
Parmi les 216 otages que l’EI a laissé partir, il y a quelques semaines, se trouvait Rudeyna, 10 ans, kidnappée 9 mois plus tôt par les djihadistes. Sa tante indique à «Hürriyet» que les islamistes ont décapité et torturé des gens en sa présence, et qu’elle est gravement traumatisée. La fillette ne cesse de pleurer et fait tout le temps des cauchemars. Elle hurle dès qu’elle voit un homme barbu. La petite yazidie a été séparée de ces parents, qu’elle n’a pas revus depuis. La fillette, qui a finalement parlé aux journaliste turcs précise: «Ils nous ont dit que nous ne reverrions jamais nos familles. Ils ont torturé les femmes qui ont essayé de résister. Ils m’ont aussi fait de mauvaises choses. Ce sont les personnes les plus méchantes qui existent sur terre.» (apic/hurr/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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