Un recours avait été déposé par un prédicateur du gouvernorat de Beheira, au nord de l’Egypte, près du delta du Nil, contre la décision de Mohamed Mokhtar Gomaa, ministre des Wakfs (Biens religieux), de ne pas renouveler son permis. Le prédicateur s’est vu interdire de donner des sermons et de proclamer des fatwas parce qu’il est accusé d’appartenir à un groupe musulman à l’idéologie radicale. Mohamed Mokhtar Gomaa milite pour que les mosquées retrouvent leur rôle de lieu de culte consacré uniquement à la prière, et ne se mêlent pas de questions politiques et partisanes.
Le tribunal estime qu’il y a un urgent besoin que le législateur égyptien définisse légalement ce qu’est un «moujtahid», à savoir celui qui a une formation poussée en matière d’islam et qui est qualifié pour émettre des avis juridiques dans le cadre de la charia, la loi islamique. La cour administrative a également décrété que la juridiction du ministère des biens religieux en Egypte s’étendait également aux sermons religieux musulmans.
En mars dernier, le ministre des Wakfs avait décidé de placer sous sa supervision directe tant les instituts culturels islamiques que les centres de formation des prédicateurs. Mohamed Mokhtar Gomaa avait clairement laissé entendre qu’il interdirait, à partir de la prochaine année académique, les petites institutions utilisées comme une porte dérobée pour «répandre le terrorisme et le terrorisme religieux». En 2014, il avait également décrété que tous les prédicateurs devaient disposer d’un permis avant de donner des sermons en chaire. Il avait interdit de prédication tous ceux qui en étaient dépourvus.
De plus, le ministre a interdit les prières du vendredi dans les petits lieux de prière moins réglementés, appelés «zawayas», dont beaucoup étaient aux mains des Frères musulmans et d’autres groupes islamiques radicaux. Il les a accusés de porter atteinte à la sécurité et aux intérêts nationaux.
Il a déclaré vouloir mettre de l’ordre dans les conseils d’administration de mosquées et de zawayas qui collectaient les dons – notamment en provenance de l’étranger – et finançaient des activités illégales n’ayant aucune relation avec la religion, mais étaient liées à des activités politiques. Il les a accusés d’avoir complètement détourné ces mosquées de leur véritable rôle religieux et d’avoir transformé des milliers de zawayas en centres politiques répandant l’anarchie. (apic/alahram/be)
Jacques Berset
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