Dans une lectio magistralis consistante consacrée à la vision et à la théologie du pape François, le ›numéro deux’ du Vatican a particulièrement défini le rôle de la diplomatie pontificale chargée d’abattre les murs, de reconstruire et de promouvoir le dialogue, en particulier entre religions dans le contexte actuel au Moyen-Orient.
«Si les gouvernements réalisent ce qu’on appelle la ›raison d’Etat’ en exerçant un ›hard power’ à travers la puissance économico-financière ou les armes, a expliqué le cardinal Parolin, le Saint-Siège doit mettre en place une ›raison d’Eglise’ à travers un ›soft power’ fait de convictions et de comportements exemplaires». Le Saint-Siège, a-t-il encore soutenu, «doit travailler, y compris à travers l’action diplomatique, afin de créer plus de justice, première condition de la paix».
Après avoir constaté qu’une partie de la jeunesse en Europe «semble avoir oublié les valeurs de la civilisation chrétienne», le haut prélat s’est aussi interrogé sur «ce qui a poussé tant de jeunes Européens à partir en Syrie pour rejoindre ceux qui combattent en usurpant le nom de Dieu».
«La réponse à cette question pourrait être l’action militaire des Etats et l’envoi de troupes pour les combattre», a-t-il poursuivi avant de réclamer plutôt «une réponse à long terme» en «prenant soin de ces jeunes qui sont à la recherche d’un idéal et sont attirés au contraire par la radicalité de la violence». En ce sens, s’est encore interrogé le cardinal Parolin, «l’Eglise et sa théologie ont-elles des propositions à faire entendre et des suggestions à offrir ?»
Pour le cardinal Parolin, il s’agit actuellement du premier de deux «problèmes très profonds» de «la civilisation européenne occidentale». Le second, à ses yeux, concerne «la volonté – la détermination dans certains cas – de différents pays européens de donner à l’euthanasie le statut de droit de l’homme». Au-delà de la seule question «morale», le secrétaire d’Etat du Saint-Siège s’est interrogé : «Qu’est-ce donc que cette prétention de la raison qui veut contrôler le temps qui passe ?» Face à ce «vide existentiel», le haut prélat a alors assuré que l’on manquait, à l’inverse, de «la moindre espérance qui aille au-delà de la raison».
Au fil de sa lectio magistralis, le cardinal Pietro Parolin a longuement évoqué la pensée du pape François et sa vision «sur un monde ouvert». Ce pape qui n’appartient «ni à l’Orient, ni à l’Occident, et ne provient pas non plus du cœur du système international», a-t-il notamment expliqué, «regarde l’Europe et le monde avec un regard différent, décentré». Dès lors, pour le haut prélat, l’enseignement du pape François «décentre notre perspective habituelle et renverse à certains égards notre façon de voir le monde et l’Eglise». (apic/imedia/ami/bb)
Bernard Bovigny
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