L’académie pontificale a voulu également aborder la question de la traite des êtres humains sous l’angle préventif, au-delà de la criminalisation. Elle étudie la possibilité de faire reconnaître au niveau international le concept juridique de crime contre l’humanité pour qualifier la traite d’êtres humains, a expliqué sa présidente, Margaret Archer. Une idée inspirée des propos du pape, qui a lui-même affirmé plusieurs fois que cette pratique était un crime contre l’humanité. Outre la proposition de créer une agence mondiale de lutte contre ce fléau, l’académie espère aussi inscrire l’élimination du trafic d’êtres humains dans le rapport de l’ONU pour les objectifs de l’après 2015. Des sujets qui seront évoqués à l’occasion de la visite au Vatican du secrétaire de l’ONU Ban Ki Moon, le 28 avril prochain.
L’Académie pontificale des sciences sociales a également estimé que la loi de la demande était sous-évaluée. Certes, il s’agit de combattre les organisations criminelles responsables de l’offre de la traite d’êtres humains, mais il faut aussi faire baisser la demande, a expliqué Pierpaolo Donati, membre de l’académie, que ce soit auprès de chefs d’entreprise sur le plan de l’exploitation ou du travail forcé, ou bien auprès des clients de la prostitution.
Engagement de la société civile
Pierpaolo Donati a aussi insisté sur l’importance d’agir, au-delà du plan légal et juridique, au niveau de la société civile: boycott des produits d’entreprises ayant recours au travail illégal, éducation civique dans les écoles, sensibilisation de l’opinion publique, etc. Il a également assuré que l’Eglise avait un rôle à jouer pour encourager le don d’organes afin d’en limiter le trafic.
Selon le dernier rapport des Nations unies sur le trafic d’êtres humains, 70 % des victimes dans le monde sont des femmes, et 72 % des trafiquants des hommes, a expliqué Stefano Zamagni, autre membre de l’académie pontificale. Or, contrairement aux idées reçues, les femmes ne sont pas seulement victimes de prostitution, mais de plus en plus, ces dernières années, de travail forcé. (apic/imedia/bl/mp)
Maurice Page
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