«Les forces de l’EI ont commis des viols de manière organisée, des agressions sexuelles et d’autres crimes atroces à l’encontre de femmes et de filles yézidies», a déclaré Liesl Gerntholtz, directrice de la division Droits des femmes à Human Rights Watch. «Celles qui ont eu la chance de s’échapper ont besoin d’être soignées pour le traumatisme inimaginable qu’elles ont subi.»
Les femmes et les filles qui ont parlé à Human Rights Watch ont décrit les viols à répétition, les violences sexuelles et les autres sévices qu’elles ont subis lorsqu’elles étaient captives de l’EI.
Cas emblématique de la violence exercée envers les femmes et les jeunes filles, Jalila*, âgée de 12 ans, a déclaré qu’elle avait été accostée avec sept membres de sa famille le 3 août 2014, alors qu’ils tentaient de fuir l’EI, par des hommes arabes qu’elle a reconnus car ils étaient originaires de son village, situé au nord de Sinjar. Ces hommes les ont livrés aux combattants de l’EI, qui ont alors séparé Jalila, sa sœur, sa belle-sœur et son neveu nouveau-né des autres membres de la famille et les ont emmenés à Tal Afar. Plus tard, les combattants ont emmené Jalila seule en Syrie dans une maison où se trouvaient d’autres jeunes femmes et filles yézidies également enlevées.
«Les hommes venaient et nous sélectionnaient, explique Jalila. Quand ils venaient, ils nous disaient de nous lever et ils examinaient notre corps. Ils nous disaient de leur montrer nos cheveux et parfois ils battaient les filles si elles refusaient. La jeune fille a affirmé que le combattant de l’EI qui l’a choisie l’a giflée et traînée hors de la maison parce qu’elle résistait. «Je lui ai dit de ne pas me toucher et l’ai supplié de me laisser partir», a-t-elle dit. «Je lui ai demandé de me ramener à ma mère. J’étais une jeune fille et je lui ai demandé: ›Qu’est-ce que tu veux de moi?’ Il a eu des rapports sexuels avec moi pendant trois jours.»
Jalila a ajouté que pendant sa captivité, sept combattants de l’EI l’avaient «possédée» et que quatre d’entre eux l’avaient violée à plusieurs reprises: «Parfois j’étais vendue. Parfois j’étais offerte en cadeau. Le dernier homme était le plus violent; il m’attachait les mains et les jambes.»
L’EI a reconnu publiquement avoir réduit en esclavage des femmes et des enfants. Dans un article intitulé «La restauration de l’esclavage avant l’heure» paru dans Dabiq, le magazine en ligne en langue anglaise du groupe, l’EI a annoncé qu’il restaurait une coutume justifiée par la charia (loi islamique): «Après leur capture, les femmes et les enfants yézidis ont alors été répartis, selon les principes de la charia, entre les combattants de l’État islamique qui avaient participé aux opérations à Sinjar, après qu’un cinquième des esclaves eurent été transférés entre les mains des autorités de l’État islamique pour être répartis en tant que khum« [taxe sur les prises de guerre].
Un document, présenté sous forme de questions et réponses, émis par ce qui semble être un Département de recherche et de fatwa de l’EI, déclare pour sa part: «Il est permis d’acheter, de vendre ou de donner en cadeau des femmes captives et des esclaves, car elles ne sont qu’une propriété, dont on peut disposer à volonté.… Il est permis d’avoir des relations sexuelles avec la femme esclave qui n’a pas encore atteint la puberté si elle est physiquement prête pour ces rapports; toutefois si elle n’est pas prête, il est suffisant de jouir d’elle sans rapports sexuels.… Il est permis de battre la femme esclave en guise de darb ta’deeb [châtiment disciplinaire].» (apic/com/pp)
* Prénom d’emprunt
Pierre Pistoletti
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/parfois-jetais-vendue-parfois-jetais-offerte-en-cadeau/