Il y annonce les modalités pratiques de ce jubilé comme l’envoi pendant le carême 2016 de prêtres missionnaires pour pardonner les péchés, y compris les plus graves. Il y lance aussi plusieurs appels aux criminels, aux personnes corrompues et invite au dialogue interreligieux.
Avant la célébration des vêpres, la convocation officielle de l’année sainte extraordinaire de la miséricorde a commencé par la remise de la bulle d’indiction Misericordiae vultus (le visage de la miséricorde) par le pape François, devant la porte sainte de la Basilique Saint-Pierre, aux quatre cardinaux archiprêtres des basiliques papales Saint-Pierre, Saint-Jean-de-Latran, Saint-Paul-hors-les-murs et Sainte-Marie-Majeure.
Pour souligner le fait que le jubilé se célébrera à Rome mais aussi dans le monde entier, le pape a également remis une copie de la bulle à des représentants de l’Eglise dans le monde. Pour les évêques du monde entier, il a remis une copie aux préfets des congrégations pour les évêques, pour l’évangélisation des peuples et pour les Eglises orientales. Pour l’Orient, c’est le Chinois Mgr Savio Hon Tai-Fai, secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, qui en a reçu une copie, et pour l’Afrique, Mgr Barthélémy Adoukonou, secrétaire du Conseil pontifical de la culture. Une copie a également été remise à Mgr Khaled Ayad Bishay, membre de l’Eglise catholique copte, pour les Eglises orientales. C’est ensuite le régent de la Maison pontificale, Mgr Leonardo Sapienza, qui a lu devant le pape François des extraits de la bulle d’indiction.
La longue bulle d’indiction se divise en trois grandes parties. Dans la première partie, le pape approfondit le concept de miséricorde. Il insiste notamment sur le fait que «la crédibilité de l’Eglise passe par la voie de l’amour miséricordieux et plein de compassion».
Le pape François justifie aussi la date d’ouverture du jubilé, le 8 décembre, qui marque la solennité de l’Immaculée conception de la Vierge Marie, que Dieu a voulu «sainte et immaculée dans l’amour», «pour ne pas laisser l’humanité seule et en proie au mal». En outre, le 8 décembre correspond au 50e anniversaire de la conclusion du Concile Vatican II, qui a abattu «les murailles qui pendant trop de temps avaient fermé l’Eglise dans une citadelle privilégiée», en l’amenant à «annoncer l’Evangile d’une nouvelle manière», en utilisant, comme le disait Jean XXIII, «le remède de la miséricorde, au lieu d’embrasser les armes de la rigueur».
Le pape explique aussi que le 13 décembre, 3e dimanche de l’Avent, la porte sainte de la basilique Saint-Jean-de-Latran s’ouvrira, puis celles des autres basiliques papales. Ce même dimanche, chaque diocèse à travers le monde et tous les sanctuaires ouvriront une «porte de la miséricorde».
La première partie de la bulle se conclue par l’annonce de la devise du jubilé : «Miséricordieux comme le Père», expression issue de l’Evangile de saint Luc.
Dans la deuxième partie de la bulle, le pape François donne des suggestions pratiques pour célébrer le jubilé: faire un pèlerinage; ne pas juger et ne pas condamner mais pardonner et donner, éviter les «commérages»; ouvrir son cœur aux périphéries existentielles en particulier à ceux qui vivent «en situation de précarité» et «privés de dignité»; accomplir avec joie les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles; renforcer dans les diocèses l’initiative «24h pour le Seigneur» le vendredi et le samedi de la quatrième semaine de carême. Le pape invite à ce titre les jeunes à continuer de se rapprocher du sacrement de la Réconciliation.
Le pape François annonce aussi qu’il enverra des prêtres «Missionnaires de la Miséricorde» pendant le carême de l’année sainte, qui auront «autorité pour pardonner aussi les péchés qui sont réservés au Siège apostolique». Le pape François demande, dans le même temps, que soient organisés des «missions vers le peuple» dans les diocèses, pour que ces missionnaires soient des «annonceurs de la joie et du pardon».
Le chef de l’Eglise catholique précise encore le concept d’»indulgence» : alors qu’avec le sacrement de réconciliation, les péchés sont effacés par le pardon de Dieu, avec l’indulgence, le pécheur est libéré de «l’empreinte négative», de «chaque résidu de la conséquence du péché», qui restent dans «nos comportements et dans nos pensées».
Dans la troisième partie de cette bulle d’indiction, le pape François lance plusieurs appels. Aux membres de groupes criminels il demande de «changer de vie», leur expliquant que «l’argent ne donne pas le vrai bonheur». Même requête pour les personnes coupables ou complices de corruption, «plaie putréfiée de la société». Le pape François lance aussi un appel au dialogue interreligieux, rappelant que le judaïsme et l’islam considèrent la miséricorde aussi comme l’»un des plus grands attributs» de Dieu». Le pape souhaite ainsi que le jubilé favorise «la rencontre avec ces religions et avec les autres nobles traditions religieuses».
Enfin, le pape François rappelle que la justice et la miséricorde «ne sont pas deux aspects contraires l’un à l’autre mais deux dimensions d’une réalité unique». Cela ne signifie pas que la justice est superflue ou sous-évaluée, tempère le pape : «qui se trompe doit purger sa peine. Pour autant, cela n’est pas la fin, mais le début de la conversion».
En conclusion de la bulle d’indiction, le pape François s’en remet à la figure de la Vierge Marie, «Mère de la miséricorde», et invite chacun à «se laisser surprendre par Dieu qui ne se fatigue jamais d’ouvrir grand la porte de son cœur» aux hommes. Cette année sainte prendra fin le 20 novembre 2016. (apic/imedia/bl/pp)
Pierre Pistoletti
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