«Nous vivons à une époque de nombreuses violences d’une brutalité inédite, confie-t-il à l’agence I.MEDIA, de manque d’espérance de tellement de personnes qui se sentent rejetées, qui n’ont pas d›avenir et ne voient pas de porte de sortie, dans une époque en manque d’orientation». Face à cette situation dramatique, affirme le prélat, «il est bon de donner le témoignage du visage miséricordieux de Dieu». Plus encore, estime-t-il, le Jubilé de la Miséricorde permettra de pointer «le problème plus profond de notre situation sécularisée: qui est Dieu, où est-il, et qu’a-t-il à nous dire?»
Le cardinal de 82 ans rappelle aussi qu’avec ce thème, le pape François s’inscrit dans la lignée du Concile Vatican II. Et le cardinal Kasper de citer le discours d’ouverture de Jean XXIII au concile: «aujourd’hui, l’Epouse du Christ (l’Eglise, ndlr) préfère recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de la sévérité».
Cependant, en «amplifiant ainsi un thème central et fondamental de la Bible et de la tradition spirituelle de l’Eglise», le pape François a fait de la miséricorde le thème clé de son pontificat, insiste l’ancien président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Dans l’Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, souligne encore le théologien allemand, le pape François évoque l’obligation d’une conversion pastorale. «L’Eglise doit devenir une maison ouverte à tous, explique-t-il. L’Eglise comme sacrement du Salut est aussi signe et instrument de la miséricorde de Dieu». Pour le cardinal Kasper, l’Année de la Miséricorde fait ainsi partie du programme de la réforme du pape François.
Au cours du synode sur la famille d’octobre 2014, le cardinal Kasper s’est fait le chef de file des partisans de l’accès à la communion pour les divorcés remariés, notamment par le biais d’un chemin pénitentiel. Ses positions, d’une manière générale, en faveur d’une ouverture pastorale pour les divorcés remariés et les personnes homosexuelles, lui ont valu de vives protestations de la part de certains cardinaux de la curie. En janvier 2014, en outre, ce théologien allemand avait publié le livre «La miséricorde, concept fondamental de l’Evangile, clé de la vie chrétienne», (éditions Herder). Lors du premier Angélus de son pontificat, le pape François avait indiqué qu’il venait de lire cet ouvrage. (apic/imedia/bl/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse