La production industrielle de nourriture nuit au climat, bien plus que l’ensemble de nos moyens de transport, réaffirme la campagne de carême. L’élevage intensif de bétail a des conséquences particulièrement négatives. Dans le cadre de leur action «Moins pour nous, assez pour tous», Pain pour le prochain, Action de Carême et Etre partenaires ont pris l’exemple du poulet pour expliquer le lien entre la surconsommation, le climat et la faim dans les pays en développement. A côté d’actions comme la Journée des roses ou le Pain du partage, de nombreux rendez-vous et événements ont rythmé la campagne en suscitant un vif intérêt, assurent les œuvres d’entraide.
«Les personnes, dans les paroisses, sont très sensibles à la question écologique, remarque Martina Schmidt, secrétaire romande de l’œuvre d’entraide protestante Pain pour le prochain. Paroisses et bénévoles ont été très motivés pour faire vivre la campagne dans leurs régions».
Le thème de cette campagne a déclenché des réactions diverses: des critiques ont notamment été émises dans les rangs de l’industrie de la viande, rappellent les partenaires de la démarche. Les trois organisations de développement ont par contre obtenu un large soutien de l’opinion publique – et de l’Union suisse des paysans, assurent-elles. «Nous trouvons positif que vous invitiez les consommateurs à examiner de manière critique la consommation de denrées alimentaires», a Markus Ritter, président de l’association d’agriculteurs, à l’hebdomadaire alémanique «NZZ am Sonntag». Il a vu juste: la campagne œcuménique ne s’est pas limitée à soulever et illustrer les problèmes, mais aussi à montrer comment, déjà aujourd’hui, l’agriculture suisse fournit une contribution à la protection du climat, assurent les trois œuvres d’entraide. «La question de réfléchir à la nécessité de diminuer sa consommation de viande, de porter une plus grande attention à la manière dont est produit le fourrage qui nourrit le bétail ou encore les conditions dans lesquelles celui-ci est élevé reste d’actualité», souligne Patrick Renz, directeur de l’œuvre d’entraide catholique Action de Carême. «Seul un changement de nos modes de consommation permettra de limiter les conséquences pour des millions de personnes dans les pays du Sud».
Fortement ancrées depuis près de 15 ans en Suisse romande, les semaines de jeûne en carême organisées par les trois organisations font des émules en Suisse allemande: de 8 groupes l’année dernière, 38 groupes ont jeûné une semaine dans le cadre de la campagne de cette année outre Sarine. En Suisse romande, ce sont 51 groupes qui réunissent près de 600 jeûneurs. En se libérant du superflu pour revenir à l’essentiel et à plus de simplicité, ces groupes de jeûne ont proposé une manière de vivre autrement le carême. Cela a été également l’occasion de mettre en pratique le message de la campagne de cette année, en réfléchissant à sa manière de consommer et de s’alimenter.
La campagne œcuménique 2015 continuera à déployer ses effets, assure ses organisateurs. Action de Carême, Pain pour le prochain et Etre partenaires ont en effet contribué de manière importante à la récolte de signatures pour la pétition «Pour une politique climatique équitable», qui en compte aujourd’hui plus de 70’000. Les 50 organisations qui ont lancé cette pétition demandent au Conseil fédéral et au Parlement que la Suisse s’engage fermement en faveur d’une politique climatique équitable et que des mesures efficaces soient adoptées pour lutter contre les changements climatiques. A l’occasion de la conférence des Nations Unies sur le climat qui se tiendra à Paris à la fin de l’année, la Suisse doit défendre une répartition plus équitable des coûts qu’impliquent les adaptations aux changements climatiques, affirment les trois organisations chrétiennes. (apic/com/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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