Décrivant la situation actuelle en Serbie lors d’une visite à Königstein, siège de l’œuvre d’entraide catholique «Aide à l’Église en Détresse (AED), Mgr Nemet explique la vague d’émigration actuelle par la crise économique que connaît le pays, qui paie encore le prix des guerres des années 1990 dans les Balkans. S’il n’y a pas de données précises sur la dimension de la diaspora serbe dans le monde, selon les estimations du Ministère de la Religion et de la Diaspora, ce nombre serait d’environ 4 millions (Source: Migration Profile of the Republic of Serbia for 2010 – The Government of the Republic of Serbia)
«Mener des guerres coûte beaucoup d’argent, mais être bombardé coûte encore plus cher. De longues années de sanctions internationales et les dommages causés par les bombardements de l’OTAN en 1999 n’ont toujours pas été éliminés. Ils affectent jusqu’à présent lourdement le fondement économique, surtout l’industrie et l’infrastructure de transport. La Serbie est retombée au moins 50 ans en arrière…», lâche l’évêque de Zrenjanin.
Rappelons que les bombardement de Belgrade par l’OTAN ont duré 78 jours et causé la mort de plusieurs centaines de civils. Les séquelles matérielles et psychologiques de cette campagne de bombardements ne sont, aujourd’hui encore, pas entièrement effacées.
La Serbie a déjà connu ses premières grandes vagues d’émigration sous l’occupation turque, mais le départ des Balkans s’est renforcé en 1991. A l’époque, c’était surtout les jeunes Serbes qui ne voulaient pas être enrôlés dans l’armée et combattre dans la guerre née de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie. La deuxième vague d’émigration s’est déclenchée après les bombardements de 1999. Selon le recensement de 2011, la Serbie compte actuellement 7,2 millions d’habitants et d’après les indications de la Banque mondiale, le pays a perdu environ 300’000 personnes au cours des dix dernières années.
L’Eglise ressent aussi les conséquences de cette émigration. «Le diocèse de Zrenjanin, en Voïvodine, dans le nord de la Serbie, compte aujourd’hui 65’000 fidèles. En 1991, ils étaient encore 99’000», souligne Mgr Nemet. Comme de nombreux fidèles de Voïvodine ont des racines hongroises, roumaines, croates ou allemandes, il leur est relativement facile de déménager dans un pays de l’Union européenne. Selon l’évêque, la plupart des Serbes émigrent en Autriche, en Allemagne et aux Etats-Unis. A l’échelle mondiale, Chicago peut donc «déjà être considérée comme la deuxième plus grande communauté serbe après Belgrade».
En Serbie, pays en grande majorité orthodoxe, les identités religieuse et nationale sont étroitement liées. Les catholiques romains seraient environ 350’000 en Serbie. Ils appartiennent en majorité aux ethnies hongroise et croate et se trouvent principalement dans la partie nord de la Voïvodine. On trouve en outre des petits groupes d’Allemands, de Slovènes, de Tchèques, de Polonais, de Slovaques, de Bunjevci (apparentés aux Croates) et de Roms qui appartiennent aussi au catholicisme. L’Eglise catholique romaine en Serbie compte quelque 200 paroisses dans quatre diocèses: l’archidiocèse de Belgrade et les diocèses de Subotica, Zrenjanin et Srijem. (apic/aed/com/be)
Jacques Berset
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