Déléguer des décisions aux conférences épiscopales est «anticatholique», dit le cardinal Müller

Rome, 25 mars 2015 (Apic) Déléguer certaines décisions doctrinales ou disciplinaires sur le mariage ou la famille aux conférences épiscopales «est une idée absolument anticatholique», affirme le cardinal allemand Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF). Dans un entretien à paraître dans l’hebdomadaire français Famille chrétienne du 26 mars 2015, le cardinal revient sur les débats houleux du Synode des évêques sur la famille en octobre dernier, et réaffirme l’indissolubilité du mariage chrétien.

A la question de savoir si certaines décisions doctrinales ou disciplinaires sur le mariage et la famille pourraient être déléguées aux conférences épiscopales, le cardinal allemand répond que «c’est une idée absolument anticatholique qui ne respecte pas la catholicité de l’Eglise». «Les conférences épiscopales ont une autorité sur certains sujets, reconnaît-il, mais ne constituent pas un magistère à côté du Magistère, sans le pape et sans la communion avec tous les évêques».

Des propos qui ne sont pas sans évoquer la tentative de l’archevêché de Fribourg-en-Brisgau en Allemagne, avant le Synode des évêques sur la famille d’octobre 2014, de prendre ses propres mesures concernant notamment l’accès à la communion des divorcés remariés. Le Vatican avait aussitôt demandé de ne pas lancer d’initiatives à même de créer la «confusion».

Rome n’est pas Bruxelles

Réagissant à la remarque récente d’un évêque allemand affirmant que sa conférence épiscopale n’était pas une «filiale de Rome», le haut prélat allemand prévient que «ce genre d’attitude risque de réveiller une certaine polarisation entre les Eglises locales et l’Eglise universelle, dépassée lors des conciles Vatican I puis Vatican II». Pour le cardinal Müller, le risque est «d’appliquer à l’Eglise des catégories politiques, au lieu d’utiliser l’ecclésiologie catholique véritable». «La curie romaine n’est pas l’administration de Bruxelles, affirme-t-il encore, (…) nous ne sommes pas une quasi-administration, ni une super-organisation au-dessus des Eglises locales, dont les évêques seraient les délégués».

Si le pape François, dans l’Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, a lui-même souligné «la nécessité de progresser dans une ’décentralisation’ salutaire» concernant certaines problématiques rencontrées par les épiscopats locaux, le cardinal Müller rappelle de son côté que «l’Eglise n’est pas un ensemble d’Eglises nationales, dont les présidents voteraient pour élire leur chef au niveau universel».

Indissolubilité du mariage

Dans les colonnes de Famille chrétienne, revenant sur la question du sacrement du mariage, le cardinal Müller déplore que «la valeur du don total d’un homme et d’une femme soit escamotée». Evoquant des paroles de saint Jean Chrysostome (347-407) estimant «que le divorce d’un mariage sacramentel était comme une amputation de la chair», le préfet de la CDF averti alors : «Je crois que certains théologiens et certains évêques doivent se réapproprier ces paroles très claires».

Sur la distinction entre la doctrine de l’indissolubilité et la pastorale, débattue durant le synode notamment à propos de l’accueil des divorcés remariés dans l’Eglise, le cardinal Müller répond qu’il n’y a pas de «différence fondamentale à établir entre doctrine et pastorale» et que «la doctrine chrétienne n’est pas une théorie sur la réalité, mais la vérité révélée». Et le haut prélat d’en conclure : «Nous devons vivre de la nouvelle réalité, en acceptant la croix et les difficultés concrètes qui s’y rattachent, tout au long de la vie». (apic/imedia/lf/mp)

Maurice Page

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