La première attaque a eu lieu à Jabalpur, au centre du pays, dans l’Etat du Madhya Pradesh, rapporte Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris. Dans la nuit du 20 au 21 mars, un groupe d’hommes a pénétré dans l’enceinte qui abrite la cathédrale Saint Pierre et Saint Paul du diocèse catholique de rite latin. Une session d’étude la Bible y était organisée et quelque 200 retraitants étaient logés dans les dortoirs de l’école Saint-Joseph, attenante à la cathédrale. Armés de bâtons, les assaillants ont semé la panique parmi les retraitants, volant l’argent qu’ils pouvaient trouver, avant de saccager la cour de la cathédrale, dont les portes ont été endommagées.
La deuxième attaque a visé une église de la communauté syro-malabare, l’une des trois composantes de la communauté catholique en Inde, dans la région de Bombay, au Maharashtra. Cet Etat, comme le Madhya Pradesh, est contrôlé par le BJP (Parti du peuple indien, droite nationaliste hindoue), du Premier ministre Narendra Modi. Le matin du 21 mars, trois hommes masqués circulant à moto ont jeté des pierres contre l’église Saint-George, à New Panvel, près de Bombay. Les dégâts sont légers mais la statue du saint patron du lieu de culte a été endommagée.
Le 23 mars, la police de Jabalpur a annoncé l’arrestation de six personnes, soupçonnées d’avoir pris part à l’attaque contre la cathédrale catholique. Evoquant un simple délit de «vandalisme», la police les a remises en liberté sous caution. Mgr Gerald Almeida, évêque de Jabalpur, a qualifié cette décision de très malheureuse. «Que la police minore ainsi les faits commis n’aidera pas à restaurer la confiance au sein de la communauté chrétienne», a déclaré l’évêque.
Selon un témoin de l’attaque, citée par l’agence de presse catholique Ucanews, les assaillants de Jabalpur reprochaient aux personnes rassemblées pour cette session d’étude biblique de prendre part à des activités visant à convertir des hindous au christianisme. Au lendemain de l’incident, des représentants du Dharma Sena, groupe appartenant à la mouvance extrémiste hindoue, ont démenti que leurs militants soient mêlés à l’attaque contre la cathédrale. Ils ont cependant dénoncé la prétendue conversion forcée au catholicisme de 200 aborigènes à Jabalpur.
Pour le cardinal Baselios Cleemis, président de la Conférence des évêques catholiques d’Inde, ces deux nouveaux incidents visant des lieux de culte catholiques viennent s’ajouter à une liste déjà longue qui montre que la situation empire. «Certains cherchent à diviser le pays selon des lignes religieuses pour en faire une théocratie, a-t-il affirmé à Ucanews. Mais la majorité qui croit aux fondements laïques de cette nation ne permettra pas que cela se fasse».
Ces actes de vandalisme surviennent après le viol collectif d’une religieuse catholique âgée de 75 ans, le 13 mars dernier, à Ranagath, au nord-est de l’Inde. L’affaire avait provoqué une profonde émotion et une forte indignation dans le pays.
Mais les organisations hindouistes maintiennent régulièrement la pression sur la minorité chrétienne, note EdA. La récente déclaration de Surendra Jain, un leader de la mouvance nationaliste hindoue, est symptomatique de ce phénomène. Il a déclaré en public qu’établir un lien entre les agresseurs de la religieuse septuagénaire récemment violée et l’extrémisme religieux relevait d’une «conspiration» menée par les chrétiens. «C’est dans la culture chrétienne que d’exploiter les religieuses», a affirmé Surendra Jain le 16 mars dernier. «Nous [les hindous] ne nous livrons pas à de telles choses». Il a également prétendu que le Vatican avait été visé par 5’000 plaintes pour abus sexuel ces cinq dernières années, et que cela avait «amené le pape à appeler à la légalisation des relations homosexuelles». Dans le même discours, le responsable hindouiste a justifié l’action d’un groupe d’hindous qui, quelques jours plus tôt, avaient démoli une église en construction dans l’Etat de l’Haryana, remplaçant la croix par un symbole du dieu Hanuman. Selon lui, la démolition du lieu de culte chrétien était «une réaction spontanée de la communauté locale». (apic/eda/ucan/rz)
Raphaël Zbinden
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